• Home
  • |
  • Blog
  • |
  • Nos toilettes, un enjeu environnemental

Difficile d’aborder le sujet de la maison dite écologique sans parler des toilettes sèches ou wc secs. Un sujet à prendre au sérieux pour son enjeu environnemental et sociétal. Chaque français tire une chasse d’eau environ 4 fois par jour, déclenchant ainsi l’envoi de 9 litres d’eau potable dans le réseau d’assainissement, soit 36 litres par jour. Pour une famille de 4 personnes, cela représente plus de 50 m3 par an.

Est-il possible de gérer les toilettes sans utiliser de l’eau, qui plus est, de l’eau potable ? Dans un contexte de réchauffement climatique et de raréfaction de l’eau potable, c’est une question qui vaut la peine d’être posée. Si c’est possible, quelles sont les solutions à notre disposition ?

Les toilettes sèches : mode d’emploi

Un document émis par le Réseau de l’Assainissement Ecologique (RAE) présente et explique ces systèmes.

Le système des toilettes à litières biomaîtrisée (TLB) est le plus simple et le plus répandu. Les fèces et les urines doivent être recouverts de matière végétale sèche, riche en carbone. Les copeaux vont permettre l’aération de l’ensemble et faciliter le travail des bactéries aérobies. La sciure, quant à elle, va absorber l’urine. Elle “bloque” les odeurs.

Les toilettes à séparation d’urine, quelles différences ?

Les toilettes à séparation d’urine permettent de séparer les fèces et les urines. Cette séparation peut s’opérer de 2 façons, soit à la source, soit par gravité. La séparation à la source consiste à récupérer les urines et à les épandre pour fertiliser un terrain. Elles peuvent aussi être rejetées avec les eaux grises, ceci se faisant sans apport supplémentaire d’eau. Les fèces seront stockées dans un réceptacle. Si ce réceptacle est intégré au siège, un système de ventilation forcée est généralement intégré à l’appareil. L’asséchement des fèces réduit leur taille et, au final, elles n’émettront plus d’odeur. En cas de non disponibilité de terrain pour composter, en cas de vie dans un immeuble collectif, ce type de toilettes sèches est une alternative intéressante. La consommation d’électricité pour le ventilateur est très faible, de l’ordre de 10 à 15 W. Cette consommation est assez faible pour être envisagée via un système photovoltaïque.
Le réceptacle séparé permet une collecte sans assèchement mais avec un compostage classique à suivre. Il est nécessaire, là aussi, de ventiler ce réservoir collecteur.

La séparation gravitaire consiste à séparer les fèces et les urines par gravité grâce à différents moyens. Des tapis roulants existent, avec un ou des plan(s) incliné(s). Le stockage et la valorisation des éléments s’effectuent séparément.

Des insectes composteurs ?

Dans le cadre de toilettes à lombricompostage, ce sont bien… des lombrics qui assurent le compostage ! Pour cela, il faut séparer les urines de fèces. Au lieu de stocker les fèces dans un récipient étanche, on les dirige vers un lieu où des lombrics les prendront en charge. Il est possible de les transférer directement vers le lieu de compostage via un tapis roulant.

Vous l’avez compris, ces installations sont à des années lumière des cabanes au fond du jardin !

Les avantages de l’utilisation des toilettes sèches

En tout premier, cela permet de ne plus consommer d’eau pour cet usage. Or, les toilettes à chasse d’eau représentent, en France, le 2ème poste de consommation de ce si précieux (et coûteux!) liquide (environ 40%). Le total annuel s’élève à plus de 100 millions de m3. La disponibilité et l’accès à l’eau sont, à elles deux confondues et en sus du CO2  libéré, une des grandes problématiques à régler au plus vite. Cerise sur le gâteau, nous utilisons à cet effet de l’eau potable !

Ensuite, l’absence de contrainte liée à l’eau autorise l’implantation de wc en des endroits impossibles avec un système à chasse d’eau.

Les eaux usées traitées dans les stations d’épuration ou les assainissements non collectifs permettent, en théorie, de valoriser les excréments en engrais. En théorie seulement. En réalité, elles sont trop souvent mélangées pour l’épendage. Tout comme il est de plus en plus courant de produire du gaz à partir de lisier, il serait possible de valoriser nos déjections en les collectant. Des mini-digesteurs commencent à être commercialisés pour répondre à cette demande.

Les inconvénients des toilettes sèches

L’implantation

Il faudra se poser la question de la circulation lors de l’évacuation du seau plein…

La gestion des odeurs

Les toilettes à litière bio-maîtrisée n’émettent pas d’odeur lors de l’exploitation, si ce n’est une odeur de sous-bois.

Les toilettes à séparation des urines et assèchement des fèces, du fait de la nécessaire ventilation du compartiment qui les contient, obligent à prévoir l’évacuation de ces effluents vers l’extérieur. Ceci impose soit une gaine de plus à implanter et gérer, soit une implantation contre une paroi extérieure.

La matière végétale sèche

Il faudra se procurer les copeaux et la sciure ou toute autre matière végétale sèche. Tonte de pelouse, taille de haies ou encore copeaux de bois seront à stocker.

Le vidage du réservoir

En cas du choix de toilettes à litière bio-maîtrisée, le vidage se fait, pour 4 personnes, environ 1 fois par semaine.

Par sécurité ou par hygiène, ceux qui le souhaitent pourront opter pour un seau à couvercle.

Si, avant le premier usage, de la sciure a été déposée au fond du seau, l’ensemble se décollera sans difficulté.

Lors du vidage sur le compost, le fond du seau peut dégager des odeurs d’ammoniac car l’urine aura commencé son compostage. Cela ne se produira qu’en extérieur et cet inconvénient ne présente aucun risque sanitaire, juste une odeur désagréable.
Avant sa remise en place, il est nécessaire de nettoyer le seau à l’eau. Celle-ci sera vidée sur le compost et participera ainsi à son humidification. Un peaufinage de nettoyage avec du vinaigre blanc peut s’avérer nécessaire.

La gestion du(des) compost(s)

Par mesure de sécurité, nous conseillons 2 tas de compost. L’un vieillira gentiment pendant 15 à 18 mois, en “sommeil”. Cette mise en sommeil avant emploi du compost est un minimum nécessaire, afin d’être certain que tout agent pathogène soit détruit.

Mais est-ce vraiment un handicap dans la mesure où plus le compost aura eu le temps de mûrir, meilleur il sera !

En cas de choix d’un système à séparation d’urines gravitaire, l’évacuation des fèces se fait de façon beaucoup plus espacée et, selon le système choisi, la matière évacuée peut être un compost utilisable directement.

Conclusion

Parfois, nous ne nous prenons pas en main pour décider, individuellement, d’assumer notre part des choses. Nous préférons nous cacher derrière des solutions toutes prêtes, modernes, aseptisées, et pratiques.

La gestion de nos fèces et urines n’échappe pas à cette tendance. Nos croyances, notre éducation, nos coutumes, nous ont amenés à l’universalité des toilettes à chasse d’eau, or, il devient vital de changer de mode de fonctionnement. Les toilettes sèches sont d’excellentes alternatives à la chasse d’eau. Elles sont même parfaitement légales depuis l’arrêté du 7 septembre 2009 (pdf). Alors, un peu de courage, lançons nous !

Si vous souhaitez en apprendre davantage, je vous invite à visionner la vidéo de l’Archipel , une chaîne Youtube amie, et à consulter mes ouvrages « Maison écologique, construire ou rénover » ainsi que celui traitant du confort “Les clés du confort thermique écologique”, édités chez Terre Vivante. Vous pouvez aussi télécharger mon ebook (gratuit) depuis mon blog : « Le confort »

Avec la participation de : François Thiberge, Frédéric Caille, Stéphane Vicat, Dominique Lonzi, Jean-François Rousseau, Clément Jamin, Jérôme Mouchel.

Crédits photo :  Pixabay

Claude Lefrançois


Après 30 ans dans le bâtiment, ancien charpentier, ancien constructeur, ancien maître d’œuvre, formateur dans le bâtiment, expert en analyse des bâtis anciens avant travaux, auteur de nombreux articles et d’un livre “Maison écologique : construire ou rénover” aux Ed. Terre vivante, auteur de 2 ebooks disponibles sur mon blog, je suis désormais retraité.
Je mets mon temps disponible et ma liberté d’expression à votre service : j’observe et j’analyse, au besoin je dénonce ou émet des idées.
Bonne lecture.

Laissez-nous un commentaire !


Your email address will not be published. Required fields are marked

{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}