Une maison bois, c’est plus d’entretien, une maison bois, c’est plus facile à chauffer, une maison bois ça coûte plus cher, une maison bois ça prend moins de temps à construire, une maison bois ça brûle facilement, une maison bois c’est plus écologique, …
Voici quelques-uns des poncifs classiques autour de la maison bois. Il n’y a pas de fumée sans feu dit-on, alors nous avons décidé d’aller voir de quelle nature est le feu : est-ce celui qui réchauffe, est-ce celui qui détruit ?
Toutes ces affirmations sont-elles justes, bref, où est le juste, où est le faux ?
Avec la plus grande objectivité possible, l’objectif de cet article est de trier le bon grain de l’ivraie, le vrai du faux.
Les avantages souvent accordés à la maison bois
Nous avons détaillé l’intérêt d’une maison bois face à d’autres matériaux classiques dans cet article. Nous vous en rappelons ici les principaux avantages.
Une maison bois, c’est un gain de temps
- oui car pas d’attente de séchage : les matériaux utilisés sont secs, il n’est pas nécessaire d’attendre qu’ils sèchent avant de poursuivre les travaux.
- oui car pas d’attente de prise : les bois assemblés sont, d’emblée, porteurs. Il n’est pas nécessaire d’attendre une prise quelconque avant de décoffrer ou avant de poser les éléments suivants ou de réaliser le montage des étages supérieurs.
- oui car rapidité sur chantier : la nature même de bois permet un taillage aisé en amont du chantier et l’assemblage rapide sur le chantier d’éléments ou sous-ensembles préfabriqués en atelier.
- oui car pas de retouches : tous les éléments taillés en atelier permettront des assemblages de haute qualité, rapides, corrects et, d’emblée, propres et nets.
- oui car moins de risques intempéries : la préfabrication de plus en plus courante en atelier permet d’arriver très vite au stade hors d’eau, hors d’air.
- oui car second œuvre possiblement plus rapide : du fait de leur poids peu important, des éléments entiers de murs peuvent être livrés avec l’isolation, les menuiseries et, parfois, même les parements.
Une maison bois, c’est plus facile à chauffer
Voilà une affirmation qu’on peut qualifier de vraie, sous condition que nous allons développer.
Avec un même isolant, de la même épaisseur, oui, une maison bois est plus facile à chauffer si l’isolation est correctement faite, si les opérateurs ont été rigoureux. En effet, théoriquement, le matériau bois utilisé étant moins caloporteur que beaucoup d’autres, notamment minéraux, une maison bois comporte moins de ponts thermiques ou, si ponts thermiques il y a, ils seront moins “virulents” et donc moins pénalisants.
Une maison bois c’est plus écologique
Oui et non. Ah, une réponse de Normand, ça ne facilite pas le choix !
Oui, une maison bois sera toujours plus écologique qu’une maison dont les murs sont en béton. Mais elle le sera moins qu’une maison en pisé dans les zones où la nature du sol le permet.
Effectivement, une maison bois sera plus écologique qu’une maison en briques de terre cuite, mais elle le sera moins qu’une maison type Earthship pour qui veut se tourner vers cet habitat alternatif.
Et une maison bois sera plus écologique qu’une maison mixte polystyrène et béton de ciment tel qu’on nous le propose de plus en plus, mais elle le sera moins qu’une maison en paille porteuse.
Une maison bois c’est plus sain
Oui c’est une affirmation généralement juste si …
Si le bois n’a pas été “gorgé” de produits de traitement malsains. Nous modérons ce propos car la plupart des traitements proposés aujourd’hui ne présentent pas de risque sanitaire.
Oui si la perspirance naturelle des éléments bois n’est pas mise à mal par des vernis “étanchéifiants”. C’est une pratique qui tend à disparaître, mais certains emploient encore des vernis “marine” pour peindre leur maison bois. C’est propre, ça brille, pas d’insectes xylophages, oui, mais pas de perspirance non plus et c’est donc la perte d’un des avantages de la maison bois sur beaucoup d’autres systèmes constructifs.
Une maison bois, ça aide à la sauvegarde de la planète
Oui car, pour pousser, le bois a besoin de carbone et il en consomme. Ce faisant, il le fixe, c’est même pour ça qu’il pourrait être utilisé en tant que combustible si nous ne construisions pas avec. Aussi longtemps que le bois sera conservé sous sa forme de bois, il piègera le carbone qu’il a fixé lors de sa pousse.
Une maison bois ça peut plus facilement être auto-construit
C’est une affirmation vraie. Il est assez facile et à la portée de beaucoup d’auto-constructeurs potentiels de couper, tailler et assembler des pièces en bois. Solidariser des éléments en bois entre eux, qu’ils soient panneaux, planches ou autres, c’est un sciage et un clouage, au pire, vissage. Toutes ces opérations sont assez facilement maîtrisables et ne nécessitent pas forcément beaucoup de matériel, même si les équipements peuvent aider. Nous vous invitons toutefois à lire cet article avant de vous lancer en auto-construction.
Un agrandissement en bois est plus facile à réaliser qu’en “dur”
Oui, pour beaucoup de raisons déjà développées ci-avant. Pour rappel et sommairement : matériaux secs, possibilité de pré-taillage en atelier, éléments facilement manuportable, il suffit de savoir mesurer, tracer, scier, clouer et/ou visser. Il convient d’ajouter sa rapidité de mise en oeuvre.
Pour qui n’a pas envie de tout réaliser lui-même, de nombreux artisans ou industriels proposent des kits pré taillés qu’il n’y a plus qu’à assembler.
De tous les arguments ci-dessus, le principal nous semble le travail avec des matériaux propres et secs. Peu d’habitants sont prêts à voir les brouettes passer les une après les autres dans le salon ou la salle à manger, pleines à raz bord de béton.
Une maison bois est plus sûre en cas d’incendie
Oui, une maison bois est plus sûre en cas d’incendie, et pourtant elle brûle. C’est vrai que le bois est un combustible et que suite à un incendie, la place est facile à nettoyer. Cependant, même si rien n’interdit d’intégrer des matériaux qui laissent émaner des vapeurs toxiques sous l’effet de la chaleur, est-ce par conviction écologique, est-ce pour utiliser des matériaux en accord avec le bois de la structure, en règle générale ces maisons ne recèlent pas de bombe à retardement en cas d’incendie.
De plus, le bois se consume très lentement et donc, même si la maison brûle intégralement, aucune émanation toxique ne vient asphyxier les occupants et ils ont amplement le temps d’en sortir sans risque pour leur santé.
Les inconvénients qu’on prête aux maisons bois
Les maisons bois nécessitent plus d’entretien
Cette affirmation peut être vraie pour celui qui, ayant construit une maison en bois, souhaite l’habiller avec du bardage en bois naturel et ne pas voir ce bardage se teinter naturellement avec le temps. Il lui faudra alors, un an après la pose de ce bardage, le peindre ou lasurer (il est mieux de toujours laisser passer les 4 saisons sur le bois, il se purgera ainsi des impuretés qui l’auront “colmaté” (la sciure de sciage entre autres)). Une lasure lui redonnera un peu de faste après cette 1ère année “au naturel” (on ne vernit pas une maison bois, ce n’est pas un bateau, on lui passe de la lasure ou une peinture micro-poreuse).
Ensuite il faudra repeindre la maison tous les 5 à 7 ans.
Cependant, de nombreuses solutions sont possibles pour qui ne souhaite pas entretenir son bois extérieur :
- même ayant posé un bardage en bois naturel, le laisser vivre et se patiner seul dans le temps est une solution qui ne remet en cause la durabilité de ce bois de parement, mais évite un entretien qui peut être ressenti fastidieux. Il faut accepter que l’aspect visuel ne soit pas uniforme.
- il se réalise aujourd’hui autant de maisons bois crépies que de maisons bois “bardées”. Cette option crépi annule tout besoin d’entretien pendant de très nombreuses années, à l’identique des maisons en béton.
- un bardage en bois brûlé fait que le parement, naturellement protégé par ce brûlage, sera visuellement stable dans le temps, sans entretien.
- reste encore une dernière option, que nous ne vous conseillerons pas mais que notre honnêteté nous amène à citer : le bardage plastique ou, mieux, composite.
Une maison bois c’est plus cher
Ce qu’il faut souligner est dans le titre : plus chère, peut-être, mais par rapport à quoi ?
En effet, la différence de prix entre une maison dite traditionnelle, que nous préférons qualifier de “conventionnelle”, et une maison en bois est due quasi uniquement à la différence des murs : en béton ou brique de terre cuite d’un côté, en bois d’un autre côté.
Si différence il y a, elle est due à ces seules différences de technologie, et il ne nous semble pas qu’elle puisse être importante sauf à … ne pas disposer du même niveau de qualité de matériaux, équipement ou réalisation de second œuvre. En admettant même un surcoût de 50% de ce poste, ce qui serait très important, vu qu’il ne représente lui-même que moins de 10 à 12% du prix total, l’impact ne serait que de 6%.
Ce surcoût possible sera compensé par une durée de construction raccourcie de quelques mois pour les raisons développées ci-avant, donc impact normalement faible, compensation également par un gain en m² lorsque l’isolation est intégrée.
Les maisons bois sont inconfortables car sans inertie
C’est une affirmation vraie … pour qui le veut bien.
D’où vient cet inconfort possible ? Un des éléments de ressenti de confort, c’est la stabilité de la température. Comme un volant d’inertie apporte du confort d’utilisation à un moteur à explosion, une masse en capacité de stockage de calories apporte du confort dans un habitat.
Dans une maison en béton, les refends apportent cette masse. Dans une maison bois, ils sont, généralement … en bois. Et le bois ne peut pas rivaliser avec le béton dans ce domaine. Cependant plusieurs solutions peuvent contrer cette faiblesse.
La création d’un ou deux murs de refend en béton suffit à lever ce handicap.
Une autre solution possible : le chauffage avec un poêle de masse. A lui seul il représente un bel apport de capacité d’inertie.
Les isolants sélectionnés peuvent également avoir une importance très grande dans ce domaine : opter pour des isolants d’origine végétale, c’est faire le choix de matériaux à fort déphasage et donc de lissage de l’influence possible des extrêmes de température extérieure.
Les maisons bois vieillissent mal
Ce vieillissement est-il au niveau de l’aspect ?
Si vieillir mal est une appréciation liée au visuel, nous rappelons que le beau ou le pas beau relèvent de la subjectivité. Ayant habité longtemps le Chablais (Haute Savoie), j’ai souvent eu un sujet d’esthétique dans des conversations : AVORIAZ. Il s’agit d’un ensemble d’immeubles en béton habillés de bardage bois (cèdre rouge du canada). Ce parement bois a été, volontairement, laissé brut, sans aucun traitement, sans lasure, peinture ou vernis. Les façades se sont donc naturellement patinées, bien évidemment avec des intensités différentes selon les orientations. Selon que la surface est, ou non, sous la protection des avants-toits, l’aspect n’est pas uniforme. Le développement du village des Dromonts, une partie d’AVORIAZ, a été couronné d’un prix d’architecture en 1968.
Comme souvent pour ce qui est en rupture avec le conventionnel, la passion s’en mêle. On aime ou on n’aime pas, on reste rarement indifférent.
Cependant et pour répondre au vieillissement, avec 70 ans au compteur, la preuve a été apportée, indépendamment des éléments de structure, que les parements (ou éléments massifs si ce sont des madriers ou des rondins) résistent bien, mécaniquement, à l’épreuve du temps.
La fréquence de l’entretien, selon l’aspect recherché, dépendra des choix de chacun, allant de quasiment jamais pour qui opte pour un vieillissement naturel, à une reprise tous les 5 à 7 ans pour qui voudrait avoir un aspect uniforme.
Nous soulignons le développement d’une technique traditionnelle japonaise : le bois brûlé (technique shou-sugi-ban). Elle aussi, du fait de l’aspect donné au bois, ne laisse pas indifférent : on aime ou on n’aime pas. Indépendamment du fait d’aimer ou pas, ce “traitement par le feu” est redoutablement efficace.
Ce vieillissement est-il au plan structurel ?
Les structures bois, si elles sont réalisées dans les règles de l’art, résisteront très longtemps. Nous disposons de très nombreux exemples, particulièrement en montagne, de construction bois qui ont défié les siècles. Les centre-villes anciens réalisés en colombage sont aussi une autre preuve de la tenue du bois dans le temps.
On n’a pas de recul sur ce type de maison
Nous avons, ici, publié un article qui rappelle l’histoire de la maison en France sur les 2 derniers millénaires. Le moins qu’on puisse dire est que, pour ce qui nous concerne, français, les maisons bois ont été, à de diverses périodes et selon les régions, ce qui a constitué la base de l’habitat individuel.
Les maisons bois sont le régal des termites
C’est vrai, les insectes xylophages se nourrissent de cellulose. Le bois des constructions bois est constitué de cellulose. Donc, c’est vrai, les insectes xylophage peuvent manger les structures des maisons bois.
Ceci posé, nous savons, aujourd’hui, parfaitement protéger les maisons bois de la voracité de ces insectes.
La première des solutions est d’utiliser des essences naturellement auto-protégées : le châtaignier, le douglas purgé de l’aubier, le mélèze, le red cédar …
Il est possible, également, de protéger les bois via des traitements, certes chimiques, mais de mieux en mieux maîtrisés dans leur formulation.
Les bois chauffés sont une solution car, alors, tous les éléments nutritifs que viennent chercher les insectes xylophages ayant été rendus non assimilables pour eux, ils ne s’intéresseront pas aux bois de cette nature.
En ce qui concerne les termites, conscient de ce risque, le législateur, a pris toutes dispositions de protection contre ces insectes. Les dispositions vont du traitement des bois aux barrières physico-chimiques ou physiques, en passant par les pièges. Bien sûr, les précautions sont à prendre dans les régions concernées par la présence de termites, ce qui n’est pas vrai pour l’ensemble du territoire français.
Les maisons bois sont plus sensibles que les autres à la mérule
La (ou le) mérule est un champignon lignivore, c’est à dire qu’il se nourrit de la lignine des bois. Une maison en bois intègre forcément une volume important de bois, ce qui donne la possibilité à la mérule d’y trouver facilement ce qui lui est nécessaire pour se “nourrir”.
La mérule, au-delà de la présence de bois, a besoin, pour se développer, d’une humidité relative importante. Là où tout est fait dans les règles de l’art, particulièrement la ventilation des vides sanitaires et des sous-sol, si les bois, tant de structure que de parement, sont dans un milieu correcte au plan de cette humidité relative, si les bois sont maintenus à un taux d’humidité absolue inférieure à 22%, les mérules seront naturellement détruites. Vous trouverez, dans notre médiathèque, un document avec tous les renseignements utiles pour que, jamais, votre maison ne soit victime de ce champignon, qu’elle soit en bois ou autre. Les maisons “béton” contiennent aussi des bois et ne sont pas plus exemptes “d’attaques” de la mérule que les maisons bois.
Concernant le site sus-cité, il est édité par un groupement de spécialistes du traitement de la mérule, il y est préconisé des traitements qui, si la gestion de la maison est faite correctement et en bon père de famille, ne sont pas nécessaires. Ils peuvent, par contre, l’être pour les maisons déjà infestées.
Son bilan carbone est meilleur que celui de maisons construites selon d’autres techniques
Oui, c’est vrai, le bois contient beaucoup de carbone qu’il a “piégé” lors de son développement.
Si les bois utilisés sont de provenance locale, le bilan sera parfait. Si le bois provient de plus loin, même si le bilan est un peu dégradé, les émissions de carbone liées à son transport demeurent très faibles par rapport au bénéfice du carbone piégé. Il est d’ailleurs préférable de transporter du bois raboté calibré mais non assemblé pour, ainsi, pouvoir mettre une volume maximal de matière sur un camion. Ceci est très bien sur le plan bilan carbone mais aussi pour ménager du travail aux entreprises française, parfaitement aguerries au travail du bois.
La maison bois décote sur le marché immobilier
Si ce fait a été vrai dans le passé, peut-être, à tort, par manque de confiance accordée à ces maisons, peut-être par crainte des contraintes d’entretien ou pour toute autre raison, ça n’est plus le cas aujourd’hui. En effet, leurs excellents bilans thermiques ne sont plus à démontrer, le voyage de plus en plus courant vers des pays à très forte tradition de maison bois (Scandinavie, Amérique du Nord, Japon …), ont permis à un nombre croissant de nos concitoyens de prendre conscience du fait que beaucoup des reproches faits à ce type de maisons n’étaient pas fondés.
On peut même affirmer qu’aujourd’hui la tendance serait plutôt inverse : la maison bois est recherchée sur le marché.
Conclusion
Comme souvent, les aficionados défendent ce qui est l’objet de leur passion et la maison bois n’en manque pas.
Ceux-ci font, naturellement, la part belle à leur “protégé(e)”. Ils ont pour eux que c’est facile tant la maison bois est pourvue de qualité et présente d’avantages par rapport à bien d’autres techniques constructives ou matériaux de construction. Cependant, comme souvent, ils peuvent oublier de parler des quelques inconvénients.
Les “détracteurs” de la maison bois ont, il faut bien le dire, de plus en plus de mal à convaincre …
Nous espérons avoir été le plus exhaustifs et objectifs possibles.
Les commentaires éventuels pourront nous permettre de “traiter” de points qui auraient pu nous échapper.