Si les motivations et le bonheur que procurent une auto-construction sont indubitables, il n’en demeure pas moins que cette aventure, souvent celle d’une vie, peut s’avérer risquée. Alors autant connaître tous ces désenchantements éventuels, avant de commencer, plutôt que les découvrir ensuite, quand il sera trop tard pour faire machine arrière !
Voyons, calmement, sereinement, les attentes, les bonheurs d’une auto-construction mais n’occultons pas les heurts et potentiels malheurs.
Nous le ferons en quatre parties distinctes :
- ce qui pourrait motiver,
- les risques,
- les aides possibles (en savoir et main d’œuvre),
- l’assurance des travaux réalisés.
Que motive les auto-constructeurs ?
Les motivations sont nombreuses, à commencer par l’aspect financier, mais ce n’est pas le seul avantage ou la seule motivation. Le bonheur indicible de construire son lieu de vie, comme on en a envie, comme on le rêve, à son propre rythme, se prouver qu’on en est capable, offrir aux siens le gîte nécessaire, tout ce qu’on met dans le “Do It Yourself”, “Faites Le Vous-mêmes”.
Auto-construction : le plaisir du Do It Yourself
“J’ai envie de faire moi-même”, le quasi syndrome de “la petite maison dans la prairie”.
A une époque de consumérisme forcené, du “tout se vend, tout s’achète”, de l’immédiateté dans la satisfaction d’une envie, c’est presque une réaction opposée !
Un peu comme le “slow food” s’oppose au “fastfood”. Prendre le temps de faire les choses, chercher la solution, tester, éprouver puis réaliser.
Il est vrai qu’internet regorge de tutoriels, pour tout, parfois même plusieurs techniques différentes pour une même réalisation avec les mêmes ingrédients.
Les éditeurs ne sont pas en reste avec une littérature abondante sur toutes les problématiques.
Les négoces et autres distributeurs ne sont pas non plus avares de conseils et de fiches diverses, matériau par matériau, poste par poste.
Les fabricants n’ont de cesse de mettre sur le marché des matériaux plus faciles les uns que les autres à mettre en œuvre.
Qui, avec tant de soutiens et aides, douterait d’arriver au bout du projet ?
Ajoutons à cela l’envie de faire ensemble, avec son compagnon ou sa compagne, aidé par le bon copain ou le beau-frère, retrouver l’ambiance d’autrefois, quand les hommes s’entraidaient et d’un coup, on comprend que l’auto-construction peut aussi nourrir le mental.
Des économies possibles avant même de commencer les travaux
L’achat du terrain
La recherche personnelle par démarchage, bouche à oreille, petites annonces sur des sites spécialisés, découverte directe et in situ de pancartes “à vendre” permet des économies, particulièrement celle des coûts liés aux frais de courtage d’un agent immobilier ou de viabilisation d’un lotisseur.
La conception de la maison
Les plans nécessaires pour le dépôt de PC peuvent être réalisés soi-même, de nombreux logiciels sont disponibles, au demeurant plutôt bien faits et d’une utilisation assez simple pour qui est aguerri à l’informatique.
Les calculs thermiques
Comme pour le dessin des plans, des logiciels sont disponibles pour réaliser tous les calculs nécessaires à l’accompagnement de la demande de PC.
Il faut cependant garder en tête que les calculs devront être validés par les résultats …
L’étude préalable
Un architecte, un maître d’œuvre par délégation ou un constructeur factureront des coûts d’études et de démarches administratives.
Les travaux objets de ces surcoûts peuvent être réalisés soi-même. Nous y classerons, entre autres, la demande de Certificat d’Urbanisme, la demande de Permis de Construire, l’étude thermique obligatoire dans le cadre de la Réglementation Thermique RT 2012, les démarches près du SPANC en cas d’assainissement non collectif.
Toutes ces démarches et/ou pré-études peuvent effectivement être réalisées soi-même, avec les limites de la législation, par exemple un Permis de Construire pour une construction dépassant 150 m2 de plancher est soumise à l’obligation du recours à un architecte.
Les économies liées au chantier lui-même
Le poste des matériaux : faire le choix du local
Un constructeur, un artisan, une entreprise générale vont prendre une marge sur les produits utilisés et mis en œuvre.
C’est normal, cela représente pour eux des sommes immobilisées. C’est aussi du temps consacré, une prise de risque en cas de vol sur chantier avant pose, bris lors du transport ou de la mise en œuvre et, légitimement, la marge nécessaire au bon équilibre financier de l’entreprise.
En auto-construction, un particulier ne facturera pas son temps, assumera le risque de transport ou vol (son temps n’étant pas compté, il peut alimenter son chantier au fur et à mesure de ses besoins) et, financièrement, l’avance de trésorerie n’engendre pas, pour soi-même, de gros frais financiers.
La principale économie : la main d’œuvre
C’est là le plus gros poste d’économie possible. Le prix facturé, pour un électricien ou un plombier chauffagiste, se partage à peu près par 1/2 entre les fournitures et la main d’œuvre. Ce rapport est environ de ⅓ pour la fourniture et ⅔ pour la main d’œuvre pour un charpentier. Il est encore plus élevé pour la peinture.
Il est donc légitime, pour qui en a le courage, la santé, la force, le temps et les compétences, de vouloir en faire l’économie.
Le courage, la santé, la force, le temps et les compétences
Au-delà des motivations, tant aspirations intellectuelles que volonté de réduire les coûts, voyons un peu les qualités nécessaires.
Le courage
Vouloir relever ce défi que représente une auto-construction nécessite un peu d’inconscience et beaucoup de courage.
L’inconscience n’est pas, en soit un handicap, mais doit quand même être compensée par des moments, nécessaires, de lucidité …
Il y aura forcément des moments de lassitude, de découragement. Il faut tenir !
La santé
Des auto-contructeurs(trices) de santé précaire et/ou handicapés sont arrivés au bout de l’entreprise. Ils sont la preuve vivante que se surpasser est possible. Pour certains ça a même pu être une forme de thérapie. Pour autant, être d’une bonne constitution physique est un avantage considérable, n’est pas surhomme qui veut !
La force
Des auto-constructeurs(trices) frêles, bien loin de l’image de déménageur que l’on se fait parfois des travailleurs manuels … sont, eux(elles)-aussi arrivés(es) au bout de leur rêve. Par contre ils ont, généralement, dû compenser par un courage hors-norme et une ingéniosité elle-aussi, hors-norme.
Il leur a fallu, souvent, plus de temps, mais pour qui n’a pas de contrainte de cet ordre, ce n’est pas rédhibitoire.
Les compétences
Une auto-construction peut être réalisée avec des matériaux natifs, extraits ou collectés sur place, d’autres mettent en œuvre des matériaux autrefois dédiés à d’autres usages (la paille dans les murs par exemple). Toutes ces techniques sont aujourd’hui éprouvées et maîtrisées, parfois même normées. Enfin, une grande partie des auto-constructeurs construisent leur maison selon des techniques très courantes et conventionnelles : parpaings de béton, murs à ossature bois …
De nombreux stages, organisés le plus souvent par des associations de passionnés, sont proposés, des matériels, autrefois nécessairement empruntés (lorsqu’on connaissait un heureux propriétaire de la chose) peuvent aujourd’hui être facilement loués.
De nombreux ouvrages traitant de toutes sortes de sujets et matériaux ont été écrits par des sachants qui, ainsi, mettent leur savoir au service de qui veut bien les lire.
On trouve sur internet des tutoriels pour quasi chaque ouvrage à réaliser, parfois même plusieurs techniques différentes sont proposées.
Les boutiques de matériaux ne sont pas avares de conseils, certains proposent même des fiches thématiques.
Les fabricants rivalisent d’inventivité pour nous proposer des matériaux plus faciles les uns que les autres à mettre en œuvre.
Beaucoup des candidats à l’auto-construction peuvent s’appuyer sur les connaissances ou l’expérience d’un beau-frère ou d’un copain qui a quelques compétences dans un domaine ou un autre …
Tout ou quasi tout est plus facile qu’autrefois.
Le temps
“Pas de souci, nous vivrons sur le chantier …”
C’est évident que cette option est un moyen de limiter le coût, ne serait-ce qu’en limitant le double débours que pourraient être une location et un remboursement de crédit concomitants.
Beaucoup d’auto-constructeurs(trices) l’ont vécu et y ont survécu.
Les principaux risques d’une auto-construction
L’achat du terrain : le choix irrémédiable
S’il est parfois fait état d’agent immobilier “véreux”, les particuliers vendeurs ne sont pas forcément non plus des anges.
Il est nécessaire, en cas de terrain diffus, de bien veiller à la véracité des affirmations, tant sur la nature du sous-sol, que sur les risques naturels ou la présence effective des réseaux …
Un professionnel représente un coût mais il pourrait aussi être votre conseil dans l’acte d’achat.
La conception : des idées à la réalité, pas toujours facile !
Avoir visité des maisons, regardé celle des autres, apprécié tel ou tel élément, honni tel ou tel autre permet de se faire une idée de ce qui serait bien, est-ce suffisant pour bien concevoir ?
Savoir positionner une maison sur un site en fonction de son orientation, de la topographie des lieux, des accès, des réseaux n’est pas forcément aussi simple qu’il peut sembler. Ajouter à ces points délicats la répartition, l’organisation des pièces complexifie encore l’équation.
Penser et organiser les réseaux intérieurs, intégrer des éléments d’inertie et/ou d’occultation des rayons lumineux, encore quelques variables supplémentaires.
Se tromper ici peut représenter un coût bien supérieur à l’économie du concepteur, une erreur de conception peut ne pas être rattrapable, ou à tout le moins, difficilement.
Les calculs thermiques : aux mains des experts
Comme pour la conception, le calcul n’est que la résultante de choix préalables. Ces choix se font sur la connaissance de multiples matériaux et agencements possibles.
Se tromper ici engendrera des surcoûts d’exploitation durant de nombreuses années.
Il ne faut pas oublier que les professionnels écartés, à commencer par les architectes et les techniciens divers, ont suivi des années d’étude et qu’ils y ont acquis des savoirs. Les écarter peut vite s’avérer très pénalisant.
Les économies sur le chantier même
Les matériaux : la durabilité se paie
Certes un professionnel prend une marge sur les matériaux cependant, généralement, il les achète moins cher qu’un particulier, ce qui est normal vu les quantités qu’il consomme annuellement.
Certains matériaux et matériels ne se vendent que dans les réseaux professionnels.
Des fournitures de marque de distributeur ou low costs peuvent, au 1er abord, sembler de qualité équivalente à des fournitures plus chères ailleurs. Ce n’est que rarement le cas. Nous l’avons testé et constaté, entre autres, sur des peintures et des parements de bois.
La surconsommation possible peut annuler l’économie escomptée, il peut s’avérer nécessaire de “reprendre” ces travaux plus rapidement, là aussi c’est un cas courant avec des peintures.
Le matériel : un minimum est nécessaire
Qui dit mise en oeuvre de matériaux, dit outillage. leur maîtrise n’est pas toujours aussi facile qu’il y paraît, l’apprentissage pouvant prolonger les mises en oeuvre. Recourir à certains outils peut permettre de ménager la forme physique des intervenants.
Si, aujourd’hui, beaucoup se trouvent en location (chez des pros, ou entre particuliers), c’est un coût qu’il ne faut pas négliger dans les travaux.
La main d’œuvre : à l’épreuve du temps
Cette partie, la principale source d’économie présuppose, comme nous l’avons déjà listé : courage, santé, force, temps et compétences
Le courage, la santé, la force, le temps et les compétences
Au-delà des motivations, tant aspirations intellectuelles que volonté de réduire les coûts, voyons un peu les qualités nécessaires.
Le courage, indispensable dans une auto-construction
Se mettre derrière un ordinateur, alors que le projet est encore au stade du rêve, est facile. Il n’est pas, ici, de gros risque de voir la motivation baisser … ou alors il est préférable d’arrêter tout de suite le projet.
Le beau-frère ou le bon copain sur qui on a pu compter et qui s’avère avoir d’autres engagements ou se révéler moins compétent qu’on ne le croyait. Du fait de cette ressource qui, au moins en partie, disparaît et qu’il faudra compenser, là aussi, besoin de courage.
Si, pour vous, saisir un outil et s’en servir représente un effort considérable, alors abandonnez également l’idée d’une auto-construction.
Il faut une motivation forte pour tenir sur la longueur.
La santé
Certes, des exemples montrent que tout est possible, y compris pour des personnes de santé précaire, mais une bonne santé dès le début est tout de même préférable. Il ne faut pas, non plus, sous-estimer les risques de tendinite et autres lumbagos, rarement envisagés et, pour autant, fort pénalisants lors de leur survenue éventuelle.
Les mains qui ne résistent pas à l’agressivité des matériaux, la pointe à travers la semelle qui vous cloue (mauvaise blague) dans un fauteuil pendant une semaine, accident courant par abandon des chaussures de sécurité au profit de la vieille paire de basket, infiniment plus confortable.
La force
Il est facile de dessiner une belle panne faîtière à 5 ou 6 mètres de haut, mais il va falloir la mettre en place et, même en résineux, ça pèse lourd !
Les manutentions successives, répétées, certes vont, au fil du temps, permettre à tout un chacun qui n’en disposerait pas dès le départ, de se muscler. Ces muscles adaptés arriveront-ils à temps ? … tiendront-ils dans le temps ?
Le temps
Beaucoup d’auto-constructeurs sont fiers, satisfaits et heureux de l’œuvre accomplie, à très juste titre. Cependant pratiquement tous ont dépassé, parfois de beaucoup, les délais initialement envisagés ou programmés.
Ceci nous amène à ajouter un autre critère : solidité de l’équipe, couple ou autre.
La solidité de l’équipe
On trouve malheureusement de nombreux exemples d’auto-constructeurs qui avaient commencé un projet à 2, en couple (ou en équipe) mais dont, justement, le couple n’a pas résisté aux épreuves rencontrées. Le plus souvent c’est le temps qui en a eu raison : dépassement, sortie de la programmation, vie dans une maison non achevée, au milieu des travaux …
Les compétences
En regardant un professionnel réaliser des travaux qu’il maîtrise bien, suite à une longue expérience, il peut sembler que ce sera facile de les réaliser soi-même, mais comme le dit l’adage populaire, c’est au pied du mur qu’on voit le maçon.
Avec la meilleure volonté, malgré la persévérance, il est des gestes que le visionnage de multiples vidéos ne permettra pas d’acquérir, ou alors après avoir construit quelques maisons. Par exemple : projeter du mortier contre un mur, quoi de plus basique !
Qui ne s’y est jamais essayé ne se doute pas combien c’est tout, sauf facile !
Oh bien sûr, nous avons tous entendu parler d’artisans incompétents ou de travaux ratés, ça peut arriver, même aux meilleurs !
Cependant l’artisan se doit d’avoir fourni une assurance décennale couvrant ses travaux et, au moins, les travaux seront couverts et refaits dans les règles de l’art. Mais qu’en sera-t-il pour une auto-réalisation ?
Nous abordons plus avant le volet des assurances.
Aux problématiques temps, force et compétence, une proposition devient de plus en plus courante, celle de se faire aider ou d’aller apprendre ailleurs en aidant d’autres.
De belles idées, généreuses, à la fois dans le partage du travail, la convivialité, la rencontre de l’autre, vous l’aurez compris, nous faisons allusion aux chantiers participatifs.
Cette forme d’entraide existe dans les campagnes (vidéo) depuis fort longtemps. Elle a été adaptée aux nouveaux besoins.
Qu’en est-il, chacun y trouve-t-il son compte ?
L’opportunité du chantier participatif
Le mot magique, la solution à tous les besoins de main d’œuvre d’une part et au transfert de toutes les compétences d’autre part. La résultante de ce transfert de compétence étant l’apprentissage pour réaliser ensuite chez soi.
Ce sujet a déjà été abordé ici dans un article intitulé “Chantiers participatifs : du rêve à la réalité”
Nous nous contenterons d’en rappeler les points positifs les plus importants :
- la maîtrise de son propre chantier,
- les économies possible en terme de coût de main d’œuvre,
- une possible démarche écologique,
- le voyage et la rencontre d’autres personnes, la convivialité,
- …
Rappelons aussi les risques abordés :
- l’absence courante d’analyse de faisabilité ou de pertinence de choix en amont des travaux, particulièrement dans le cadre de rénovation,
- l’absence récurrente de professionnel accompagnant,
- l’incompétence des intervenants aidants (normal, ils viennent pour apprendre),
- la sécurité dans l’exécution des travaux (équipements de sécurité individuels, sécurité globale du chantier …)
- l’assurance des intervenants et la responsabilité de l’organisateur du chantier,
- l’assurance des travaux réalisés.
Que penser de ces chantiers participatifs
Correspondent-ils réellement à l’apport de force de travail escomptée ? Répondent-ils aux attentes de ceux qui viennent pour apprendre ?
Apport de main d’œuvre : pour certains travaux, oui, pour d’autres, par exemple le levage d’une charpente, nécessitant force, adresse et maitrise du travail en hauteur, pas certain, les aidants étant, par définition, des amateurs.
Transfert de savoir : souvent rien ni personne, en amont, n’ayant validé la maîtrise de ce qui sera transmis, pas plus que la pertinence de reproduire la chose chez soi, pas sûr ! Malheureusement, faute que les connaissances transmises aient été validées par une autorité en capacité d’en juger le niveau, les participants peuvent ne pas en avoir conscience.
De retour chez eux, ils risquent d’appliquer des techniques soit inadaptées, soit incomplètes, soit mal assimilées …
Et même si les retours sont pourtant souvent positifs, les participants n’ont pas les moyens d’évaluer ce qui a été transmis.
Ce qui ressort par dessus tout, c’est la convivialité, le bonheur du travail partagé. Cela ne suffit pas pour autant et, devant les besoins, devant l’enthousiasme général, nous aimerions faire une proposition : “les chantiers accompagnés”
Les chantiers accompagnés : une validation professionnelle
il s’agirait là de tout autre chose : un chantier qui serait organisé non pas pour qu’il avance, même si, dans les faits, des travaux y seraient effectivement réalisés, mais pour transmettre un savoir.
Quelles sont les obligations ?
Elles sont les mêmes que pour les chantiers participatifs, que ce soit en terme d’équipements individuels, de travail ou de sécurité.
Qui pourrait accompagner un chantier école ?
Il semble bien que seul un professionnel très aguerri aux travaux qui vont être abordés pourrait accompagner ce genre de chantier.
Il devra, en plus, être très bon pédagogue car son rôle sera plus de transmettre que de réaliser.
Qui, hors l’accompagnant, pourrait participer à un chantier école ?
Toute personne qui souhaite apprendre. Il serait cependant mieux que la personne en recherche de formation sache déjà utiliser les outils qui seront employés, ce serait autant de temps gagné.
A priori, difficile de fixer le nombre maximum de participants, tant il pourrait varier en fonction de ce qui serait abordé, mais il serait forcément limité, faute de quoi la transmission serait de moins bonne qualité.
L’état d’avancement sur un chantier participatif
Selon ce qui y serait enseigné (car c’est bien de cela dont il s’agit, « l’enseignement »), il pourrait s’avérer nécessaire d’aborder ce type de chantier sur plusieurs jours avec les mêmes acteurs, que nous qualifierons de stagiaires.
Il ne s’agirait pas, sur ce genre de chantier, de se donner d’objectif de quantité de travaux réalisés mais de savoir bien assimilé. Donc l’avancement des travaux y serait très aléatoire.
L’assurance des travaux lors d’une auto-construction
Pour clore ce dossier, il est une question qu’il faut aborder : les obligations d’assurance pour tous travaux réalisés sur un bâtiment d’habitation que celui-ci soit neuf ou qu’il s’agisse d’une rénovation.
Selon leur nature les travaux doivent être couverts par une assurance d’une durée de 2 ou 10 ans, d’où l’appellation courante d’assurance biennale ou décennale.
Le consommateur qui décide de faire réaliser des travaux de construction, devenant à cette occasion maître d’ouvrage, doit souscrire une assurance de dommages obligatoire, dite de « dommages-ouvrage », comme en dispose l’article L.242-1 du Code des assurances. Et son coût n’est pas négligeable, puisqu’il peut représenter de 1,5 à 3% du prix de la construction !
Et les assureurs sont relativement frileux de couvrir des chantiers réalisés par des non-professionnels, non par que les travaux pourraient être mal faits, mais qu’il n’a aucune garantie d’un savoir-faire maîtrisé.
Tous les travaux ayant trait au gros œuvre ou causant une gêne à l’exploitation en cas de besoin de reprise doivent être assurés pour les 10 ans qui suivent la déclaration d’achèvement des travaux. Il s’agit d’une déclaration obligatoire qui sera sanctionnée par la validation ou non des travaux réalisés selon qu’ils seront reconnus ou non, conformes à la demande et ne présentant pas d’anomalie. Dans le cadre d’une auto-construction, cette démarche est réalisée par le maître d’ouvrage (le propriétaire) auprès de sa mairie.
En cas de vente de l’immeuble avant 10 ans, il est nécessaire de fournir une assurance à l’acheteur. Certes, si l’auto-constructeur demeure dans les lieux plus de 10 ans, il ne se fera un procès à lui-même, mais qui, au moment où il fait les travaux, maîtrise ce que seront ses 10 prochaines années ?
Aucune clause ne peut dégager le vendeur de sa responsabilité jusqu’au terme des 10 ans en question.
Conclusion
Oui, il est possible de réaliser des économies en auto-construisant, mais le risque n’est pas négligeable de devoir faire face à des difficultés.
Si nous pouvons donner quelques conseils, ils seront les suivants :
- bien appréhender les coûts,
- ne pas considérer que savoir dessiner une maison c’est savoir organiser son intérieur de façon logique, savoir tirer le meilleur parti du terrain et de son environnement,
- bien évaluer les besoins en temps, rajouter un peu pour les impondérables,
- limiter les coûts prévisionnels à 90% des moyen financiers disponibles, ceci permettra de faire face aux éventuels impondérables,
- bien prendre le temps de réfléchir à l’avancement des travaux,
- ne pas penser que, suite à quelques visionnages de tutoriels ou à la participation à quelques chantiers participatifs, un particulier devient l’égal d’un pro,
- le temps consacré à la réflexion est, bien souvent, du temps et de la peine économisés à la réalisation,
- si le temps vous est compté, si vos moyens sont, d’emblée à la limite, si votre couple n’est pas hyper solide, abandonnez l’idée … mieux vaut une vie heureuse chez les autres que la douleur ou le malheur chez soi …
Nous espérons, avec cet article, pouvoir aider les candidats auto-constructeurs ou éco-rénovateurs à prendre les bonnes décisions, soit de confirmation dans l’idée de passer à l’acte en totalité … ou en partie … soit d’abandonner l’idée.
A tous, auto-réalisateurs ou pas, nous souhaitons la réussite la plus grande.
Bonjour,
Un grand merci, pour cet article pertinent et réaliste
.
Je cogite depuis;;;3 ans sur un micro projet de construction avec un micro financement (donc éventuellement une auto-construction ) tous les doutes que j'avais en tête, vous les avez ciblé.
C'est rassurant car en fonction de cette analyse, je peux concevoir de continuer différemment ou non mon projet.
Encore merci.