C’est extraordinaire de monter un mur à la terre, aspect, sensation de vivant !
C’est pourquoi je vous propose un tour d’horizon : d’abord, nous allons visiter une cave et une ancienne étable en sous-sol. Une partie est en terre battue, l’autre en dallage au ciment Portland. Nous constaterons les différences.
Ensuite, je vous parlerai de la terre comme correcteur thermique et comme parement.
Comment avoir une cave saine ?
Pour avoir une cave saine, il faut d’abord l’analyser, rechercher leur utilisation ancienne, comment et avec quoi elles ont été construites. Presqu’une enquête et une sorte de remontée dans le temps…
Ici, nous avons une partie voutée, en terre battue avec peu de salpêtre. Elle est donc plutôt saine, rien à signaler, si ce n’est…le renouvellement d’air ! Attention, de ne pas l’oublier !
Ici, du fait de la terre battue, les remontées capillaires peuvent s’évaporer (d’où l’importance de laisser passer un filet d’air).
Cave en terre battue VS étable en dallage ciment
A côté, une ancienne étable qui accueillaient autrefois des vaches. Elle contient une partie avec un dallage au ciment Portland fortement dosé. Pour quel résultat ? Une présence importante de salpêtre en pied des murs, bien sûr ! Les excréments des vaches étaient évacués par une rigole. Avec le temps, une partie des minéraux contenus dans l’urine se sont infiltrés dans le sol. Avec les remontées capillaires, petit à petit, tout remonte. Sauf qu’avec un béton au ciment Portland, les remontées capillaires ne peuvent plus sortir par le sol, donc elles migrent, chargées de nitrate, vers les murs.
La seconde partie de l’étable présente un sol empierré et la présence du salpêtre est faible, bien moins importante que dans la partie à dallage béton.
Qu’en déduire ? Il ne faut pas aller chercher bien loin pour comprendre que le béton a empêché les remontées capillaires de s’évacuer par le sol, elles ont donc trouvé une porte de sortie via les murs, d’où la présence du salpêtre. Et ce dallage béton n’est pas si vieux, 20, 25 ans…Imaginez les dégâts dans le temps !
Dans cette vidéo d’analyse, j’aborde également les points suivants :
- La terre permet de donner une plasticité, qu’on ne peut pas avoir un mortier ciment.
- Analyse du solivage en sapin du plancher haut, grosse section et très longue portée (8m).
- Constat de linteaux anciens en résineux… encore en parfait état après plus d’un siècle de présence.
Quelle est la différence entre la terre, le sable et la chaux ?
La terre
La terre, un peu argileuse, est un liant, aussi longtemps qu’elle est un peu humide. Séchée totalement, elle redevient la poussière. L’argile doit être combinée soit avec de la chènevotte de chanvre (un peu délicat à la mise en œuvre) ou avec de la paille. Ces mélanges permettent d’obtenir un très bon correcteur de diffusivité, un correcteur thermique. Pour obtenir un parement intérieur, il est possible d’utiliser de la terre seule contenant assez d’argile. La terre s’auto-suffit à condition d’avoir assez d’humidité contenue dans le mur (donc pas de drain collé au mur, évitons d’assécher nos murs!). Comme pour tout, il faut trouver l’équilibre : trop de remontées capillaires, ce n’est pas bon, pas assez, ce n’est pas bon non plus ! Un mur en terre trop sec s’effrite et n’a plus de tenue.
Le sable, la chaux, le ciment et la paille
Le sable, comme la paille, sont des agrégats.
La chaux et le ciment font des prises hydrauliques ou par carbonatations si la chaux est 100% aérienne, ils redeviennent à un moment donné du minéral dur. Contrairement à la terre sèche, leurs particules se lient entre elles. Mais en prenant de la chaux ou du ciment seuls, le mur fissure !
Il est donc important d’avoir bien tous ces éléments en tête avant de s’attaquer à la rénovation, à la création de parements ou de correcteurs et bien sûr, avant de s’attaquer à une construction !