Isoler, c’est limiter les fuites. Ces fuites dépendent du lambda et de l’épaisseur de l’isolant. Seulement, le lambda n’est pas immuablement stable. Son instabilité est causée par l’orientation des fibres, le taux d’humidité de l’isolant, sa température et sa vétusté.
Comment détermine t-on l’épaisseur d’un isolant ?
Nous visons à atteindre une valeur cible, prédéterminée. Cette cible est la valeur R (Résistance thermique). L’épaisseur divisée par le lambda nous donne ce R. Pour connaître l’épaisseur que l’on va devoir mettre en œuvre, si on connaît la valeur cible R, on la divise par le lambda de l’isolant.
Les gains réels d’efficacité
Tout d’abord, nous voyons que les 15 premiers centimètres permettent de traiter 75% des fuites, alors que passer de 25 centimètres à 40 centimètres ne permet que d’en traiter moins de 10%.
Ensuite, nous voyons que la première unité de R permet de gagner 28.36% tandis que la dernière unité permet d’économiser 1.41% des fuites d’origine.
Est-il pertinent d’agir ainsi ?
Non ! Nous consommons inutilement des ressources et de l’énergie. Ces surépaisseurs émettent probablement davantage de gaz à effet de serre, du fait de la production de cet isolant et de sa mise en œuvre, que ce que ça va permettre d’économiser du fait du moindre consommation.
Pour être pertinent, il faut cesser cette course au R et à l’épaisseur et miser sur les autres qualités des isolants : la chaleur spécifique, la densité et les capacités de sorption et désorption. Nous devons adapter nos actions en fonction de nos besoins, limiter les interventions sur les murs, cesser de se couper des apports du sol et se concentrer sur le toit.
Limiter les interventions dans les murs
Les murs anciens ont des forts apports de thermie par eux-mêmes. Ils bénéficient donc de l’ensemble des matériaux mis en œuvre. Pour ces murs, un R de1,5 à 2,5 est suffisant. La gestion de l’eau doit être prise en considération, les remontées capillaires pouvant y être très importantes.
Les murs récents ont moins d’apports par eux-mêmes (ils sont donc moins épais). Le R doit être limité à 2.5. Avec ces murs, il faut veiller aux apports en inertie et en diffusivité.
Cesser de se couper des apports du sol
Le sol naturel, hors influence des températures extérieures, est à environ 12°C à 13°C. L’été, le froid attirant le chaud, il limite le ΔT avec l’excès de chaleur extérieure. L’hiver, du fait qu’on à déjà une température de 12°C, il limite le besoin en apport de calorie. Ainsi, il est préférable d’éviter d’isoler inutilement sous les dalles en contact avec le sol et se limiter à une isolation dans le cas d’un chauffage en basse température en dalle.
Le toit
Le jour, l’été, il est exposé directement au rayonnement solaire. L’été et l’hiver, la nuit, il est exposé aux effets radiatifs du cosmos. Le froid attirant le chaud, le cosmos étant très froid, énormément de calories vont fuir par le toit, par radiation. Il faut miser sur la chaleur spécifique et la densité de mise en œuvre et s’appuyer sur les capacités qui en découlent : la diffusivité (capacité de stockage) et le déphasage (capacité de ralentissement). Après avoir judicieusement choisi son isolant, il faut miser sur un R de 6 (réduction de plus de 80% des pertes).
Les isolants d’origine végétale apportent les meilleures performances globales.
Si vous souhaitez en apprendre davantage, je vous invite à visionner ma vidéo sur ce sujet et à consulter mes ouvrages « Maison écologique, construire ou rénover » ainsi que celui traitant du confort “Les clés du confort thermique écologique”, édités chez Terre Vivante. Vous pouvez aussi télécharger mon ebook (gratuit) depuis mon blog : « Le confort »
Crédit photo : couverture : Pixabay
J'ai en charge d'étudier les améliorations énergétiques à apporter à une église. En quelques mots sa surface au sol est d'environ 700 m2 et la hauteur sous plafond est de 11m; construction environ 200 ans. J'envisage la mise en place d'une isolation thermique du plafond et compte tenu de la hauteur importante sous plafond, je souhaiterais connaître le gain en énergie qu'aurait un système qui rabatte vers le sol la chaleur sous plafond?
Merci
Nota bene: je suis inscrit à la conférence de ce soir.
Bonjour Monsieur JACQUES,
Il est difficile de chiffrer le gain en énergie pour le chauffage ou quantifier le gain en confort en prévoyant un système qui rabatte la chaleur.
Votre mission est un véritable cas d’école et, à ce titre, présente un intérêt énorme pour le praticien de l’isolation que j’ai été et le praticien de l’exploitation globale de tous les avantages et de toutes les qualités d’un bâti et de limiter ou, si possible, contrer les limites ou défauts d’un bâti particulier… et Dieu m’est témoin (sans jeu de mots !) que le bâti que vous évoquez est particulier. Il l’est intrinsèquement et également du fait de sa destination d’usage, à savoir très souvent assez épisodique ou sur des périodes non continues et possiblement courtes.
Il va être difficile, pour ne pas dire impossible, de répondre à votre quête dans la séquence question/réponse qui est prévue lors de la visioconférence de ce soir, 25 01 2023.
Je vous propose de répondre plus directement sur une demande particulière que vous feriez via la page contact de ce blog.
Bien à vous, C Lefrançois