Certains voient la projection de mousse comme la solution la plus aboutie, la seule qui permettrait, en une seule opération, de répondre aux défis de l’isolation, de l’étanchéité à l’air, de la perspirance. D’autres voient toute projection de mousse comme l’intervention du diable dans l’habitat.
A la demande de la société Icynène, nous avons inclu des [édit].
Ils prennent en compte des correctifs apportés sur leurs sites et que nous soulignons.
Nous apportons aussi des réponses à diverses demandes.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette entreprise sait faire parler d’elle, communique beaucoup et que toute cette communication ne manque pas d’interpeller. Une des premières questions est : c’est quoi cette mousse ?
Du polyuréthane ? Peut-être, mais si tel est le cas, ça n’est guère revendiqué.
Du polystyrène ? Non, pas possible, ça ne peut pas se travailler in situ. [édit 1]
Alors mousse, mais mousse de quoi ? Ce qu’on nous dit c’est qu’elle est constituée de 99% d’air, information intéressante, mais ce qui nous intéresse c’est le 1% restant, car l’air, ça va, on sait ce que c’est mais le reste ?
Sur le plan du leadership, aucun doute, avec le rachat d’Isolat France, nous sommes bien face du leader de ce marché.
A grand renfort de publicités et/ou annonces, documents distribués, argumentations sur les salons, Icynène se revendique être La Solution non seulement idéale mais respectueuse de l’environnement, presque plus vert que le vert !
Comme tout le monde, nous avons été interpellés, entre autres par les performances affichées, la durabilité revendiquée, la facilité de mise en œuvre et sa rapidité annoncées. Nous allons, au fil de cet article, comme toujours, essayer de démêler le bon grain (s’il y en a) de l’ivraie (s’il y en a).
Qui est Icynène ?
Icynène est une entreprise canadienne, créée il y a plus de 30 ans, en 1986 et, selon ses dires, dont nous n’avons aucune raison de douter, leader mondial de la mousse projetée.
Nous sommes donc face à un industriel qui a su développer des produits et les vendre dans plus de 30 pays (extrait de leur site web) : “Présent sur 3 continents, Icynene isole plus de 400 000 bâtiments à travers le monde : maisons individuelles, logements collectifs, hôpitaux, écoles, fermes écologiques, etc”.
Quel est le produit Icynène ?
Très rapidement il apparaît qu’Icynène, ce n’est pas un mais des produits répartis sur 2 familles :
- H2 Foam Lite
- H2 Foan Lite Plus
- H2 Foam Forte
- IcyFoam Basique
- IcyFoam Select
- IcyFoam Qick Fill
Si nous avons bien compris (disons le tout court : il est très difficile de s’y retrouver), les 3 1ères références seraient des mousses à cellules ouvertes, les 3 dernières étant des mousses à cellules fermées, dont la toute dernière, une mousse en bombe destinée aux reprises.
Et là, nous avons la liste des seuls produits Icynène mais, attendu que l’entreprise vient de racheter Isolat France, lesquels mettent en œuvre d’autres types de mousses (dites selon le directeur d’Isolat France, rigides …) ne va-t-on pas voir la liste des produits s’agrandir ?
Fort probablement, c’est tout au moins ce que laisse supposer ses dires (voir le lien ci-dessus) … ça va devenir ardu !
Que sont ces produits Icynène ?
De la mousse de polyuréthane, c’est dit dans le site Icynène. Oh, ce n’est pas le 1er mot utilisé puisqu’il n’apparaît qu’au-delà de la moitié de la page de présentation des produits, après plus de 500 mots … soit à peu près autant que depuis le début de cet article … Cette nature de polyuréthane gênerait-elle ? [édit 3]
Mousses à cellules ouvertes
Avantages
Les mousses PU (polyuréthane) à cellules ouvertes présentent quelques avantages, particulièrement aux plans :
Perspirance
La migration de la vapeur de la vapeur d‘eau y est possible, ce qui, particulièrement dans l’ancien avec des murs en pierre, pisé, bauge et autres éléments eux-mêmes perspirants, est un gros avantage, voire une absolue nécessité.
Souplesse
Même longtemps après sa mise en œuvre, ce type de mousse garde une souplesse suffisante pour suivre les mouvements normaux de déformation ou micro-fissuration inhérents à la vie des bâtis.
Composition
Ces types de mousse PU intègrent moins de composants polluants, particulièrement ils n’ont pas besoin d’agent de gonflement autre que de l’eau, or la plupart des agents de gonflement sont des gaz à effet de serre.
Inconvénients
Il serait formidable que la pièce n’ait pas de revers, hélas, ça n’est pas le cas.
Performance isolante
Ce type de structure est moins isolante que les mousses à cellules fermées, leur lambda est nettement moins bon.
Mousses à cellules fermées
Avantages
Les mousses PU à cellules fermées présentent des avantages :
Performance
Leur lambda est parmi les meilleurs qui soient. Les plus performantes affichent un lambda de 0,024 contre des valeurs allant plutôt de 0,036 à 0,040, voir plus pour celles à cellules ouvertes (plus bas est le chiffre, meilleur est le lambda),
Rigidité
Dans certains cas, le fait que ce type de mousse PU devienne très rigide et indéformable est un avantage, entre autre lorsque l’isolant est mis en œuvre sous des éléments qui le compriment (chape sur isolant par exemple),
Etanchéité à la vapeur d’eau
Ce type de mousse PU est étanche à toute migration de vapeur d’eau et certains y voient un avantage … [édit 4]
Inconvénients
Là aussi, le tableau n’est pas simplement idéal et quelques inconvénients sont à déplorer :
Gaz à Effet de Serre
Il est fait appel à des agents de gonflement pour leur expansion, en tout cas pour le produit Isolat France tel que nous le dit son directeur (extrait d’un article paru dans la presse) : … « Deux types de mousses sont proposés : les mousses rigides (Isolat) et les mousses à cellules ouvertes (Icynene), arrivées plus récemment en France. Les premières utilisent un gaz pour réaliser leur expansion tandis que les secondes utilisent de l’eau. Ce gaz, qui est pour l’heure très impactant sur l’effet de serre (HFC), devrait être remplacé en 2019 par un autre composé hydrofluoré (HFO), afin d’anticiper l’évolution de la réglementation européenne. Les mousses rigides présentent une performance supérieure en termes d’isolation mais celles à cellules ouvertes offrent une perspirance utile aux structures bois, ainsi qu’une meilleure atténuation acoustique. Quant au coût, il est équivalent entre elles et légèrement supérieur à celui des isolants fibrés. Thierry Louis nous précise : « Nous nous plaçons sur l’efficience et l’étanchéité à l’air, dans la perspective de la future réglementation 2020 ». …”Les effets de serre ds formulations avec l’agent de gonflement HFO ont déjà été abordés ici dans un article intitulé “Mousse isolante HFO : grenwashing ou non”.
Rigidité
Leur rigidité les rend plus vulnérables à l’apparition de fuites dans l’étanchéité à l’air suite aux mouvements et déformations normaux de tout bâti.
Etanchéité à la vapeur d’eau
Ce type de mousse PU est étanche à toute migration de vapeur d’eau et certains y voient un inconvénient (dont nous dans la plupart des cas) … [édit 4]
Analyse globale
Nous voilà un peu plus informés sur les variantes dans les produits Icynène, leurs compositions, leurs avantages et leurs inconvénients propres à les différencier les uns des autres (dans les 2 cas, nos énumérations ne sont absolument pas exhaustives, nous pensons avoir cité les plus importants).
Revendications selon Icynène ?
Ses qualités
Extrait de la page “Bienvenue” du site Icynène :
- L’isolant le plus EFFICACE AU MONDE
- Economies d’énergie, étanchéité à l’air, souplesse, respirabilité
- Isolant SAIN et ECOLOGIQUE
- Aucun composé organique volatile, sans odeur, aucun impact sur la couche d’ozone, bilan carbone du transport très réduit
- Isolant DURABLE et PERENNE
- Ne se tasse pas, ne se dégrade pas dans le temps, n’absorbe pas l’eau, pas une nourriture pour les insectes ou autres, garanti 25 ans [édit 5]
Isolant le plus efficace du monde
Si le choix se porte sur Icynène UltraSeal Basic (pdf), oui, la performance est de très haut niveau, probablement une des meilleures possibles en terme de lambda : 0,024. Pour trouver mieux il faut chercher dans la catégorie des supers-isolants (pdf) qui, eux, font généralement appel soit au vide, soit aux nano-particules, soit aux matériaux à changement de phase … d’autres mondes.
Par contre, si le choix se porte sur H2Foam Lite, non, son lambda est annoncé de 0,038 et 0,035 pour H2Foam Lite Plus et … reconnu de 0,044 selon l’agrément CSTB. [édit 6]
Une telle différence dans les valeurs est choquante et nous aimerions en comprendre les raisons, sachant que celles retenues par le CSTB ont été mesurées par des laboratoires COFRAC (accrédités et qui testent toutes les valeurs accordées et/ou reconnues par le CSTB selon un protocole applicable à tous les isolants certifiés en France et pour la France) …
Extrait de l’agrément CSTB N° 20/16-378 (pdf) :
“ Cette résistance thermique utile Ru est donnée en fonction :
. d’une épaisseur e d’isolant projeté ;
. d’une conductivité thermique utile égale à 0,044 W/(m.K), définie selon les règles Th-U. “
Isolant sain et écologique [édit 7]
Qu’entend-on par isolant sain ?
Si le critère est qu’il ne permette pas le développement, en sa surface, de moisissures et/ou champignons : oui, il est sain.
Si le critère est qu’il empêche le développement de conditions propres à la vie de moisissures et/ou champignons : non, en tout cas pas pour les versions à cellules fermées.
En effet ce type de mousse PU empêche la migration de la vapeur d’eau et risque donc fort, de ce fait, en de nombreuses circonstances, de favoriser le développement de moisissures et/ou champignons sur le parement (placoplâtre, fermacell ou autre) du fait d’une stagnation d’eau dans son épaisseur, ce qui est mauvais pour la santé des occupants. Il faudra contrer ce risque éventuel par un système de renouvellement d’air en capacité de suppléer à l’absence de perméance de la paroi. Certes le renouvellement d’air est toujours nécessaire, mais ici les volumes renouvelés devront être plus importants … ce que ne fait pas l’un, l’autre doit le faire !
Un point assez surprenant concerne les risques cancérigènes du produit. Les classements ne sont pas les mêmes selon que la fiche FDES consultée soit celle pour le Canada (pdf) ou celle pour l’Europe (pdf). [édit 8]
Extrait de la fiche européenne (page 11/17) :
Extrait de la fiche canadienne (page 6/8 ) :
Qu’entend-on par isolant écologique ?
Là, nous ne comprenons pas bien ce que peuvent être les critères retenus.
En effet, les ingrédients principaux sont issus de l’industrie pétrolière. Ces origines ne nous semblent pas ce qui se fait de mieux pour ménager la planète, pas plus au plan de l’énergie nécessaire pour extraire et raffiner le pétrole que du fait des GES émis lors de tout ce processus de raffinage.
Si c’est du fait de la non présence de COV, compte tenu des conditions de mesure et du fait que l’isolant est généralement enfermé, rien de plus que pour tant d’autres produits, y compris de nombreux isolants. Ceci a été développé dans ces colonnes dans un article intitulé COV : ce qu’on ne nous dit pas.
Isolant durable et pérenne
Oui il l’est, jusqu’au moment où il faudra le recycler.
En effet, s’il ne se tasse pas, c’est, nous dit-on, parce qu’il est collé aux supports qui l’entourent. Argument très juste, mais comment envisager un recyclage sans séparer les éléments ? Qui séparera les éléments ? Le recyclage s’il est possible, est-il rentable et, surtout, quels sont ses débouchés ? Icynène nous annonce sa faisabilité par la bouche du directeur de ce qu’on peut qualifier aujourd’hui de sa filière isolat France (extrait) : « Cette mousse se recycle. En Savoie notamment, une filière existe déjà, pour le PU des frigidaires et chauffe-eau. Il ne fait pas de doute que des choses similaires se mettront en place à l’avenir”.
Il n’a pas dû lire les mêmes choses que nous au sujet de ce recyclage : Le gisement actuel total, estimé à 210 000 tonnes issues principalement de l’ameublement/literie, de l’automobile et de l’électroménager mais dont seulement une partie a des débouchés (extrait de l’article) : “Les débouchés actuels, estimés à 3 kt, ne permettent pas d’écouler ce gisement potentiel.”
Les qualités d’Icynène selon “Durabilis Isolation”
Donnons la parole à l’un de ses applicateurs, “Durabilis isolation”, entreprise dûment mandatée par Icynène et pourvue de tous les sésames nécessaires pour intervenir chez les particuliers (extrait de leur site) :
“Certifications & garantie
– Applicateur certifié ICYNENE depuis 2010
– Eco Artisan depuis 2012
– Qualibat RGE depuis 2013
– Garantie décennale SMABTP”
ICYNENE® et le feu
Extrait de leur site web : “La mousse isolante ICYNENE®e est classée comme matériaux auto-extinguible , c’est à dire que sa combustion n’est possible que si elle est soumise à une flamme directe et à l’inverse du PUR, elle ne propage pas l’incendie par des gouttelettes enflammées , ne dégage pas de fumée toxique lors de sa combustion et de ce fait n’handicape aucunement l’intervention des services d’incendie.”
Dommage que cette affirmation soit contredite par la fiche FDES du produit (extrait page 5.17) :
“Substances dangereuses provenant de la décomposition du produit par la chaleur
Les produits de décomposition peuvent inclure les gaz/matériaux suivants :
- Dioxyde de carbone
- Monoxyde de carbone
- Oxydes d’azote
5.3 Recommandations pour les pompiers
Précautions à prendre : évacuer rapidement les personnes à proximité de la scène en cas d’incendie.
Aucune initiative ne doit être prise qui implique un risque individuel ou en
l’absence de formation appropriée.
Equipement de protection Un appareil respiratoire autonome couvrant tout le visage (SCBA) doit être porté en mode de pression positive et des vêtements protecteurs couvrant tout le corps doivent être utilisés en cas d’incendie avec des bottes en PVC, des gants et un casque de protection.”
Ce risque est confirmé par l’INRS dans un document déjà ancien, mais la chimie reste la chimie. Un extrait de ce document :
Ce document met en évidence des émissions aux températures courantes, jusqu’à 250° de divers composés, y compris éléments qui pourraient entrer dans les COV si … leur recherche en vue du classement du produit analysé n’était pas limité à une tranche de température très limitée : 23°+ou- 2° !
Les émanations qui y sont citées à droite sont celles causées à des montées en température sous l’effet d’une combustion ou d’une pyrolyse. Donc, que le produit soit ignifugé ou pas ne change rien aux émanations liées à sa température. Ce qui est certain par contre, c’est que, très souvent, les émanations liées à l’agent ignifugeant viennent encore alourdir le dossier …
Ce qui compte, ce n’est pas qu’un produit brûle ou pas, c’est ce qu’il émet sous l’effet de la chaleur. Nous vous conseillons, à ce sujet, une vidéo sur les incendies domestiques, assez édifiante sur les chiffres, causes et conséquences.
Une autre vidéo tournée par le SDIS de la Loire Atlantique éclaire bien ces risques.
Nos conclusions
A la question initiale, qu’est-ce qu’une mousse Icynène : c’est du polyuréthane.
A la seconde question : Icynène est-elle La Solution : Non.
Nous ajoutons une 3ème question : Icynène est-elle Une solution : Oui
En effet, cet isolant, du fait de sa possible mise en œuvre contre des supports par simple projection, y compris en total dévers, voir en surplomb, ou encore dans des espaces confinés et difficiles d’accès peut être une solution pertinente, particulièrement lorsque les supports sont eux-même non perspirants et que l’espace où la mousse sera injectée n’est pas en lien direct avec le volume habitable (cf risques incendie ci-avant).
Dans l’ancien : Icynène, et sa filiale nouvellement acquise Isolat France, veulent s’implanter sur le marché de l’ancien, extrait d’une interview du directeur ce cette filiale “Nous nous adressons aux deux marchés, même si pour l’instant notre activité est réalisée à 80 % dans la construction neuve et seulement 20 % dans la rénovation. Nous comptons bien être présents sur ce segment”.
Nous faisons part, ici, de toutes les précautions qu’il faudra prendre :
- comme pour le neuf, ne pas coller ce type de mousse dans des volumes habitables du fait des risques inhérents aux émissions diverse, particulièrement lors de l’exposition à une forte chaleur (incendie avec combustion directe ou pyrolyse),
- ne pas opter pour les versions à cellules fermées, car ces murs anciens ont besoin de perspirer et il est absolument nécessaire de permettre l’évacuation des remontées capillaires sauf à prendre le risque de désordres importants. Un exemple qui est allé jusqu’à l’effondrement, rapport primé par l’AQC. Un exemple (vidéo) des désordres causés par des enduits au ciment Portland sur un mur en pierre.
Certes la mousse PU n’est pas de même nature que les enduits ici mis en cause, mais l’utilisation de matériaux différents mais dotés des mêmes capacités ou inconvénients (non perspirants) risque bien de produire les mêmes effets.
Alors, au final, Greenwashing ou produit miracle : ni l’un ni l’autre, et un peu des 2 à la fois.
Ce que nous aimerions :
- qu’Icynène admette clairement que ses mousses sont du polyuréthane, certes de qualité, mais avec les limites et risques inhérents à ce produit,
- qu’Icynène soit beaucoup plus transparent sur les capacités intrinsèques de ses produits car, une constante se vérifie sur les divers sites web directement ou indirectement sous la responsabilité d’Icynène : aucune fiche technique claire. Par contre beaucoup de texte à vocation uniquement commerciale, ce qui nous laisse le sentiment d’une recherche non pas d’information mais d’hypnotisation du prospect, et c’est là que nous pensons être face à du Greenwashing : mélanger tous les produits sur un même document, ne mettant en avant que leurs, parfois supposées, qualités,
- qu’elle communique clairement et honnêtement sur ce qui se trouve être accordé par les organismes de certification, à commencer par le CSTB et sur ce que comportent ses fiches FDES.
Ce que nous vous conseillons :
- ne pas utiliser ces mousses PU dans les volumes habitables,
- proscrire les versions à cellules fermées dans l’ancien à parois perspirantes et/ou à forts risques de remontés capillaires,
- autant que faire se peut, limiter leur utilisation aux endroits difficiles à isoler avec d’autres produits plus respectueux de l’environnement en général, du vôtre en particulier,
- si votre choix se porte vers des mousses à cellules fermées, sélectionner un système de renouvellement d’air très performant.
Photos crédit : Icynène
[édit 1 du 17 janvier 2019] : la société Icynène nous signale que le polystyrène serait possible à travailler in situ. Nous ne nous opposons pas à ces dires mais n’avons pas, nous-mêmes, trouvé de lien vers une entreprise qui le propose ou, plus largement, vers un écrit qui le décrirait.
[édit 2 du 17 janvier 2019] : la société Icynène nous signale qu’elle n’est pas responsable ds écrits de “Vertissimo.com”, site incriminé, lequel annonce, entre autres et encore à ce jour en tout cas, que la mousse Icynène ne comporte qu’un seul composant, de l’huile de ricin, possiblement substituable par de l’huile de colza. Formidable, il est donc d’origine renouvelable et il n’y a qu’un pas pour la laisser croire inoffensive … Sauf que ce qui intéresse l’industrie du polyuréthane, ce sont ses teneurs en esters de polyols, dans le détail, tel que décrit dans l’agrément CSTB correspondant à la version à cellule ouverte (les autres, à cellules fermées, ne bénéficient pas d’agréments, en tout cas pas à notre connaissance). Il est précisé que l’un des composants, le A (nous apprenons ainsi qu’il n’y a pas un composant unique), (extrait) : “ … est un Isocyanate nommé Isocyanate nommé « Base Seal », aussi appelé MDI (Diphenylmethane, 4-4 diisocyanate … ).
Donc, s’il est vrai qu’Icynène n’est pas responsable des écrits de “Vertissimo.com”, nous pensons, qu’à l’identique de la démarche faite vers nous, Build-green, il aurait été judicieux, pour Icynène, d’agir de même à l’égard de cet autre acteur du web et de leur demander de corriger cette imprécision.
[édit 3 du 17 janvier 2019] : Le mot polyuréthane apparaît désormais plus rapidement, pas au tout début mais il y a là un net progrès que nous tenons à signaler.
[édit 4 du 17 janvier 2019] :
Il nous est reproché de signaler le fait que la version Icynène à cellule fermée est étanche aux migrations de vapeur d’eau et, de ce fait, possiblement, un handicap.
Elle nous rappelle que les règles du bâtiment préconisent une limitation du transit de vapeur d’eau.
Oui c’est très juste et nous même, au fil de nos écrits, n’avons de cesse de préconiser la maîtrise de ces transits nous sommes donc, a priori, d’accords sur ce point, mais seulement a priori !
En effet, là où elle présente l’étanchéité totale à la migration de vapeur d’eau comme un avantage, nous la considérons, nous, comme un inconvénient !
Qui a raison ?
Une chose est certaine, la limitation de la migration, objectif que est prêté aux autorités de tutelle, n’est en rien synonyme d’étanchéité totale.
Tel que les propos d’Icynène sont rédigés, il semblerait que les murs en béton ou ceux des maisons à ossature seraient étanches.
Il n’en est rien et nous proposons de vérifier la valeur Sd des bétons ainsi que celle des panneaux constitutifs du voile travaillant des murs des ossatures bois.
Pour le contrôler, il est possible de se référer à un tableau de notre production disponible sur notre site, développé sur les bases du livre de JP Oliva et S Courget “Isolation écologique” aux ed. Terre vivante. Ce livre fait référence dans ce domaine. Nous ne partageons donc pas le même point de vue sur le sujet, nous ne voulons pas l’imposer à qui que ce soit mais nous n’adopterons pas celui de la société Icynène.
Nous maintenons nos propos en l’état, d’autant plus que nous ne disons pas que leur étanchéité aux flux de vapeur est néfaste ou dangereuse mais simplement que d’autres, dont nous, … “y voient un inconvénient”…
[édit 5 du 17 janvier 2019] : Icynène nous demande de signaler que ces écrits ne figurent plus sur le site de l’entreprise, ce que nous confirmons. Y sommes-nous pour quelque chose ? peu importe, ce qui compte c’est que les choses évoluent !
[édit 6 du 17 janvier 2019] : Icynène nous explique la différence entr les valeurs accordés par le CSTB et celles annoncées sur le site de l’entreprise (extrait du courrier que nous avons reçu) : “Cette affirmation est trompeuse. La différence entre ces valeurs s’explique par référence aux Règles Th-U (règles de l’art du Bâtiment en France). D’après les règles Th-U, tous produits ne faisant pas l’objet d’une certification doivent voir leur conductivité thermique déclarée dégradée de 15 % (valeur utile).
La conductivité déclarée du produit H2FOAM LITE étant de 0,038 W/m.K, la conductivité thermique utile devient donc 0,0437 W/m.K, arrondie à 0,044 W/m.K selon les exigences normatives.”
Il ne sous semble pas que nous ayons dit le contraire dans nos écrits, mais puisque, semble-t-il, il nous faut détailler nos écrits :
Les règles développées par Icynène sont justes mais il faudrait les décrire complètement.
Deux des raisons de ce “déclassement” de 15% sont, généralement, pour défaut de souscription au suivi par le CSTB ou pour défaut d’équipement de mesure et contrôle de valeur lambda lors de la fabrication, ceci par prélèvement sur le site de production.
Nous imaginons, vu “l’envergure financière” d’Icynène, que leurs sites de production sont équipés de lambdamètres, utilisés par du personnel compétent.
il nous paraît probable que cette dégradation de valeur est plutôt consécutive à la non-souscription d’un contrat de suivi auprès du CSTB.
Pour l’éviter, il faut souscrire auprès du CSTB ce contrat d suivi et contrôle. Faute de le signer, le déclassement est appliqué, donc, si la situation est bien celle-ci, pour pouvoir revendiquer la (probable) vraie valeur, la société Icynène sait désormais ce qu’il lui reste à faire.
Faute de s’y conformer, la règle est connue et elle l’a, elle-même, décrite.
Pour aller jusqu’au bout du raisonnement, faute de le faire, elle devrait s’en tenir, en tout cas pour la France, à communiquer sur les valeurs accordées par les autorités. Ceci serait une position honnête vis à vis des acheteurs et des autres fabricants d’isolants qui, eux, peut-être, auront versé leur obole au CSTB …
[Edit 7 du 17 janvier 2019] : A propos ds revendications écologiques.
Ce qu’Icynène nous communique dans son courrier à ce titre (extrait) :
“Les mousses isolantes ICYNENE figurent parmi les produits les plus performants sur le marché. Elles permettent à ses nombreux utilisateurs de réduire leur consommation d’énergie de manière considérable. Elles bénéficient en outre d’une durabilité accrue puisqu’elles ne se tassent pas et ne se dégradent pas avec le temps.
Par ailleurs, il ne saurait être reproché à ICYNENE de faire la publicité du bon niveau de sa mousse PU en termes d’émissions de COV en raison du fait que d’autres isolants thermiques disposeraient de qualités similaires.“
Notre position, en sus de ce qui a déjà été écrit :
Que dire de plus dans ce domaine ?
- Que les polyuréthane sont extrêmement difficiles à recycler ?
- Qu’il y aura beaucoup de pertes d’énergie et ressource lors de ce recyclage ?
- Que, pour des raisons de coût de collecte et de retraitement, ceci n’est absolument pas rentable ?
- Que, du fait que la mousse est collée sur un support, il faudra l’en séparer pour espérer la recycler ?
- Que, contrairement à ce qui est écrit par “Vertissimo” et lu par ci par là, au fil d’interventions sur des réseaux sociaux, Icynène n’est pas la même chose que l’huile de colza et aussi vertueuse que sous-entendu, mais comporte aussi les produits décrits par le CSTB (cf édit 2) et complété ici du descriptif du composant 2 :
…”La composante « A », Isocyanate nommé « Base Seal », aussi appelé MDI (Diphenylmethane, 4-4 diisocyanate)
La composante « B », nommée « Gold Seal » (mélange de différents polyols en phase aqueuse, sans gaz d’expansion, de couleur blanche). “…
- Que nous mettions un lien vers la fiche toxicologique N° 129 de l’INRS, laquelle est celle du diisocyanate de diphénylméthane ?
- Que d’autres produits, moins critiques quand aux points précédents permettent à nombre de particuliers d’isoler leurs maisons sans porter autant atteinte à l’environnement qu’avec du polyuréthane ?
- …
[édit 8 du 17 janvier 2019] : nous reproduisons ici intégralement les explications de la société Icynène car nous ne pourrions faire mieux : ”Cette affirmation est également trompeuse. Comme vous le savez parfaitement, les réglementations en Europe et au Canada sont très différentes, que ce soit en matière de construction ou sur les aspects sanitaires. Il n’y a donc rien de surprenant à ce que les déclarations ne soient pas les mêmes dès lors que les critères applicables divergent “
N’en demeure pas moins que ce produit est classé à réaction positive pour les autorités européennes. Ceci, ajouté aux risques développés dans l’édit 2, ne nous incite pas à qualifier ce produit de “produit sain” !
[Edit 9 du 17 janvier 2019] : reproche par rapport à nos conseils qui seraient erronés
Dires d’Icynène, nous reproduisons, sans prendre la responsabilité de confirmer ces écrits :
“Cette affirmation est erronée et trompeuse. Les communications ICYNENE sont conformes aux rapports d’essais, aux certificats, et aux Avis Techniques émis par le CSTB, ainsi qu’aux exigences des pays sur le contenu des fiches de sécurité.”
[Edit 10 du 17 janvier 2019] : Ceci se retrouve dans les commentaires.
Icynène nous reproche notre position sur la non-perspirance de certains de ses produits. Nous partageons ici des extraits du courrier reçu et de nos réponses :
- Icynène nous fait un reproche (extrait du courrier reçu, il fait état des écrits d’un de nos lecteurs et de notre réponse à son commentaire ):
« … ce type de mousse PU empêche la migration de la vapeur d’eau et risque donc fort, de ce fait, en de nombreuses circonstances, de favoriser le développement de moisissures et/ou champignons sur le parement (placoplâtre, fermacell ou autre) du fait d’une stagnation d’eau dans son épaisseur, ce qui est mauvais pour la santé des occupants. »
Cette affirmation est également trompeuse. Si la condensation entraîne un risque de développement fongique, ce risque est néanmoins maîtrisé dès lors que l’emploi de la mousse ICYNENE est recommandé pour les locaux à faibles ou moyennes hygrométries, comme indiqué dans le DTA 20/16-378 cité par M. LEFRANÇOIS.
- notre réponse :
Effectivement le DTA précise que l’emploi est autorisé uniquement dans les locaux à faible hygrométrie. Nous n’avons pas dit qu’il y aurait forcément développement de moisissures, mais possiblement, ce qui est quand même une belle nuance. De plus, et pour aller jusqu’au bout des revendications et/ou autorisation d’emploi stipulées dans le DTA en question, N° 20/16-378, il ne vous aura pas échappé qu’il porte uniquement sur les supports suivants (extrait de votre DTA) :
… “Le procédé est appliqué sur les supports suivants:
Planchers béton;
Planchers maçonnés conformes à la norme NFDTU20.1.” …
Nous ajoutons ici : peut-être existe-t-il d’autre documents que nous n’avons pas su trouver …
[Edit 11 du 17 janvier 2019] : Il nous est reproché des réponses “injustifiées” à nos lecteurs en réponse à leurs commentaires et il nous est demandé de modifier notre article, voire de le supprimer.
Nous avons opté pour ces [édit].
Quelques autres points n’ont pas été reproduits ici.