Pour qui veut isoler, les propositions ne manquent pas.
Isolants : le panel est tellement vaste que pour le particulier qui souhaite ou espère améliorer les performances thermiques de son habitat, le choix est cornélien.
Je vous propose ici une vidéo déjà ancienne, pour ceux qui préfèrent lire qu’écouter, vous avez ci-après le développement de son contenu, pour ceux qui préfèrent visionner, le lien est à la fin.
Quelques détails
Elle date un peu mais l’essentiel y est, cependant si je la produisais maintenant, je changerais 3 points :
- je citerais bien sûr le lambda, mais je ne mettrais plus ce critère en tête, loin s’en faut car j’ai découvert depuis qu’il n’est pas stable au-delà de 27°C, ce qui le rend inopérant l’été,
- j’insisterais plus sur la chaleur spécifique, ce que je cite sous son ancienne appellation, la capacité thermique massique,
- je ne dirais plus que les isolants issus de la pétrochimie voient leurs performances se dégrader, j’insisterais plus sur les défaillances de perspirance, sur la recyclabilité, la consommation de ressources, la pollution, le CO2…
Place au contenu d’origine
Les critères dont on doit se méfier
Notre porte-monnaie nous dicte bien souvent notre conduite, pourtant choisir un isolant en raison de son coût peu élevé peut être une erreur car il implique également une moindre performance et une moindre durabilité, donc l’obligation de refaire rapidement les choses. Comme disait Joseph, un sage vieux paysan haut-savoyard : “Je ne suis pas assez riche pour acheter deux fois ! ” Comme Joseph, n’achetez qu’une fois, mais la bonne !
La facilité de mise en œuvre, bien que tentante, n’est pas non plus un critère prioritaire. Méfiez-vous également d’un choix par défaut dû à une commande trop tardive ou à un empressement. Ne vous rabattez pas forcément sur ce qui est disponible de suite.
Matériau révolutionnaire, inventé par la NASA, développé par de nombreux ingénieurs et chercheurs (gardons à l’esprit qu’ils ont également inventé le gaz moutarde et la bombe atomique, et que ces inventions n’ont pas forcément été bénéfiques pour l’humanité et la planète). Matériau certifié CSTB, agréé dans le cadre d’un D.T.U (tout comme l’amiante auparavant )… Une certification sert à décrire un produit, son process de fabrication, présenter ses modes de mise en œuvre ainsi que définir son cadre d’utilisation et comment il évoluera dans le temps. Elle est nécessaire pour déterminer qui est responsable en cas de désordre, rien de plus.
Top 10 des ventes ! Tout le monde en pose ! Vu à la télé ! Si c’était mauvais, ça se saurait ! Est-ce vraiment certain ? La vocation des industriels n’est pas d’être à l’écoute des clients, mais de celles de leurs actionnaires. Gagner toujours plus d’argent, consommer toujours davantage et donc communiquer à grande échelle !
Mes critères de sélection
Creusons un peu plus pour trouver les critères à mettre prioritairement en avant.
Le lambda (λ) permet de mesurer la quantité de fuite de calories liée à la conduction. Plus le lambda est petit, meilleur est l’isolant. Le minimum requis est 0.045. A moins de 0.040, le lambda est bon, à moins de 0.038 il est très bon, et à moins 0.035 il est excellent. Le lambda ne suffit cependant pas à déterminer la qualité d’un isolant, car il n’est pas stable, il peut devenir humide et peut se dégrader dans le temps, en vieillissant. Nous devons donc le prendre en considération mais miser également sur d’autres qualités des isolants.
Le déphasage
Le déphasage est le temps nécessaire pour qu’une calorie traverse un élément. Il dépend de la capacité thermique massive des composants (ou chaleur spécifique), du lambda de l’isolant et de sa densité de mise en œuvre. Une chaleur spécifique faible est un handicap. La densité influence également la stabilité de la température et la rapidité de transfert des calories.
Vient ensuite le comportement de l’isolant face à l’eau. Les isolants fonctionnent généralement en emprisonnant de l’air. Une de nos priorités devrait être de veiller à ce que la vapeur d’eau ne se condense pas en eau liquide qui viendrait prendre la place de l’air captif , le lambda de l’eau étant infiniment moins bon que celui de l’air. Un isolant mouillé isolera moins. La nature du matériau composant l’isolant va être déterminante pour retarder ou empêcher l’apparition du point de rosée. Deux qualités doivent alors être privilégiées, les capacités hygroscopiques qui permettent d’absorber plus ou moins une grande quantité d’eau, sans perte du pouvoir isolant, et la perspiration qui favorise la migration de la vapeur d’eau de l’intérieur vers l’extérieur. Il faut donc proscrire tout isolant imperméable.Un isolant fibreux se dégrade lorsque ses fibres sont non-déformables. En cas de point de rosée matérialisé, des gouttes d’eau se forment sur les fibres. Si elles gèlent, elles se solidarisent avec leur support et se dilatent. Si la fibre est non-déformable, elle sera brisée, et l’isolant se déstructurera pour se tasser. Mon choix va donc vers des fibres souples
permettant cette dilatation et le retour à la situation de départ après dégel, sans désordre.
Je préfère un isolant moins performant, mais avec des capacités stables dans le temps.
D’autres critères devant être pris en considération
L’énergie pour la production, la mise en œuvre et le recyclage du matériau dite énergie grise, ainsi que le bilan carbone doivent être pris en compte.
L’isolant choisi devra en toute circonstance respecter l’habitat et ne pas émettre de COV (composés organiques volatiles). Le minimum requis est la classification A.
Ecologie et pertinence obligent, il faut privilégier les matériaux recyclables.
L’isolant devra aussi pouvoir, en toutes circonstances, remplir au mieux l’espace qui lui est dévolu. Préférez donc, chaque fois que c’est possible, une isolation en vrac.
Enfin, gardez à l’esprit que les accidents domestiques font, chaque année, dix mille victimes en France. Il faut donc être vigilant aux critères face au risque d’incendie. Choisir son isolant parce qu’il ne brûle pas n’est pas suffisant, il devra aussi ne pas émettre de vapeurs toxiques sous l’effet de la chaleur, et qu’il soit ignifugé ne changera rien à cela. Il devra aussi ne pas transmettre la chaleur. S’il possède un très bon déphasage, la chaleur ne le traversera que très lentement et le feu restera plus longtemps confiné là où il a démarré.
Ces critères, s’ils ne sont pas exhaustifs, sont pertinents, et j’espère qu’ils vous aideront dans vos choix.
Si vous souhaitez en apprendre davantage, je vous invite à visionner ma vidéo sur ce sujet et à consulter mon ouvrage « Maison écologique, construire ou rénover », édité chez Terre Vivante. Vous pouvez aussi télécharger mon ebook (gratuit) depuis mon blog : « Le confort »
Source photo, Pixabay : PIRO4D