Une maison écologique, c’est quoi ? Est-ce l’association de matériaux écologiques ? Pour être écologiques, faut-il qu’ils soient dits “matériaux biosourcés” ? Est-ce une maison très performante thermiquement et, a priori, peu gourmande en ressources pour son chauffage ? Est-ce une maison sur laquelle peu de transformations ont été réalisées ? Est-ce une maison sur laquelle tous les travaux respectent ses matériaux et techniques d’origine ? Et combien d’autres critères possibles ?
Nous avons présenté ici ce que devrait être un habitat écologique.
Cet habitat doit être conçu pour être plus :
- respectueux : pour diminuer de sa conception à son usage, son impact (dont le CO2) sur l’environnement, en favorisant les ressources renouvelables
- sain : pour réduire les produits allergènes et cancérigènes (polluants et ondes électromagnétiques) et un meilleur renouvellement d’air
- autonome : pour tendre vers l’auto-consommation en énergie, mais aussi en eau, en alimentation et pour une meilleure gestion des déchets
- collaboratif : pour une organisation plus participative avec son environnement social
Supports de présentation de notre cas d’étude
L’Agence Locale de l’Énergie et du Climat de l’Ain, Alec01, relais des services de l’Ademe au titre de l’Espace Info Energie (EIE) de l’Ain ainsi que relais des services “FAIRE” nous propose un exemple de rénovation thermique d’une maison ancienne en pierre à Châtillon en Michaille (FR-01) dont nous reproduisons la présentation du programme tel qu’annoncé dans le document sus référencé et émis à destination du public.
Extrait :
“Profiter du charme de l’ancien tout en bénéficiant d’un confort économe en énergie dans une maison en pierre, c’est aujourd’hui possible. Exemple avec cette rénovation axée sur des matériaux écologiques dont l’objectif à terme est d’être autonome en énergie.”
En sus de l’article mis en lien, pour la présentation de cette maison servant d’exemple, donc a priori “exemplaire” Alec01 nous propose aussi une vidéo.
Enfin, une fiche de synthétisation (pdf) nous résume les principaux points justifiant de présenter cette maison comme un possible exemple en nous annonçant une division de l’énergie consommée par 10.
Préalable
Vu le positionnement que va être le nôtre dans la suite de cet article, nous souhaitons situer notre position vis-à-vis de l’article de l’Alec01 et de ses auteurs.
Nous ne sommes pas dans le jugement, cet article se veut être une décortication de ce que nous rencontrons trop souvent : l’amélioration de la performance et le choix de quelques matériaux écologiques donnant à croire au grand public que la maison est devenue écologique… ça n’est pas aussi simple !
Nous ne nous situons donc non pas dans la critique simpliste mais dans l’analyse et, pour avoir moi-même, Claude Lefrançois, habité dans l’Ain, donc pour avoir connu Alec01 en tant qu’artisan à l’époque, c’est avec respect que je m’exprime ; cependant, comme dit l’adage populaire “qui aime bien châtie bien !”.
Nous saluons l’initiative de mise en avant de la maison support, des objectifs recherchés et de la présentation de la réalisation. Très honnêtement nous avons pu voir et nous avons reçu des témoignages de bien d’autres réalisations beaucoup moins abouties, à de nombreux points de vue.
Notre article se situe dans ce qu’on appelle “la critique constructive”, la seule qui permette d’évoluer.
Merci de le prendre comme tel car c’est ainsi que nous l’avons voulu.
Contexte
Nous nous appuyons ici sur la fiche de présentation synthétique.
Dès la deuxième phrase, le contexte est posé.
Extrait : “Profiter du charme de l’ancien tout en bénéficiant d’un confort économe en énergie, c’est aujourd’hui possible. Exemple avec cette rénovation en cours axée sur des matériaux écologiques dont l’objectif à terme est d’être autonome en énergie.‘“
Le parti pris est clair :
- conserver le charme de l’ancien,
- bénéficier d’un confort économe en énergie,
- l’écologie doit aussi y trouver son compte du fait du choix de matériaux idoines,
- l’objectif à terme est d’être autonome en énergie.
Vu les convictions régnant chez Soigner l’Habitat, nous ne pouvons qu’applaudir de tels objectifs. Nous aimerions vraiment que toutes les rénovations de maisons anciennes soient abordées avec un tel cahier des charges.
Nous pensions pouvoir relayer cette maison en tant … qu’exemple.
Disons le d’emblée, relayer : oui, nous le faisons ; en tant que réalisation exemplaire qualifiable d’écologique : non.
Faut-il alors faire un procès en tromperie de ceux qui y ont participé, allant des occupants aux réalisateurs en passant par les conseillers ?
Non, il aurait fallu le faire s’il y avait eu intention de nous faire passer des vessies pour des lanternes. Or nous sommes convaincus que tel n’est pas l’objectif de ses promoteurs.
Les occupants ont probablement de vraies envies de respecter cette maison, d’y vivre sainement en consommant peu d’énergie et en émettant peu de Gaz à Effet de Serre (GES).
Les artisans ayant œuvré sur ce chantier semblent connaître les gestes permettant des mises en œuvre très correctes.
Les matériaux choisis, en tout cas pour certains, sont effectivement très recommandables et performants.
L’objectif d’autonomie ne sera probablement jamais atteint mais, tout au moins, les besoins seront réduits.
Les conseillers de Alec01 ont fait appel aux ressources techniques et aux solutions préconisées par les organismes officiels que sont l’ADEME et le réseau FAIRE. Ils ont aussi opté pour des solutions connues et bénéficiant de certifications ; orientées vers la recherche, tellement dans l’air du temps et en accord avec le paradigme actuel du toujours plus performant thermiquement, quel qu’en soit le prix, financier, environnemental ou au plan des ressources mobilisées…
Bref, tout le monde a avancé avec l’espoir d’être exemplaire.
Ce qui nous a interpellés
En vrac, sans classement hiérarchique, au fur et à mesure de ce que nous avons repéré sur la vidéo en lien ci-avant et dans le descriptif également sus-référencé.
Menuiseries PVC et Alu
Nous sommes toujours surpris que, dans le cadre de la rénovation de maisons anciennes, qui plus est dotées d’un caractère certain, du choix de telles menuiseries.
Les matériaux utilisés pour le châssis et les ouvrants font appel à des ressources fossiles et nécessitant beaucoup d’énergie à la production.
Par ailleurs, elles sont aussi et très souvent moins performantes thermiquement au niveau du châssis, ceci en comparaison avec des châssis en bois.
Elles sont aux antipodes de la revendication écologique.
Nous avons abordé tous ces aspects dans un article dédié.
Création de baies au Sud
Il s’agit d’un aspect esthétique, donc subjectif.
Néanmoins, est-ce dans l’esprit des maisons en pierre (de couleur typique et fort belle par ailleurs), traditionnelles de cette partie du département de l’Ain, de disposer de grandes baies ? Nous n’en sommes pas certains.
De telles grandes ouvertures ne risquent-elles pas, l’été, de représenter des zones d’apports solaires dommageables ?
Création de linteaux en béton au ciment Portland
Ces menuiseries percées ont engendré le besoin de linteaux, lesquels ont été réalisés avec du béton au ciment Portland. Ces linteaux sont portés par jambages également en béton et, pour faire bonne mesure, les appuis le sont également.
Ces “blocs” constituent des ensembles non ou peu déformables, apportant des contraintes que les murs d’origine, en pierre, peuvent mal supporter (ceci sera développé plus en détail dans le paragraphe dédié aux dalles béton).
Non alignement des linteaux
Pour des raisons qui nous échappent, les linteaux ne sont pas alignés, mais là encore, il s’agit d’esthétique et donc de subjectif.
Création de dalles béton au ciment Portland
Au plan du respect de l’habitat ancien, donc dans une certaine mesure, du respect de l’écologie dans le sens de favoriser la pérennité des ouvrages, nous ne pouvons pas être d’accord.
En effet, et nous l’avons beaucoup développé, expliqué, argumenté, les bâtis anciens en pierre, en pisé, en bauge, dans une certaine mesure même en bois, sont par essence même, des bâtis non stabilisés. Nous entendons par là que ces murs évoluent, “bougent”, sont soumis aux aléas de déformation, et ces spécificités doivent être prises en compte.
Contraindre ces murs avec des éléments indéformables, non uniformément en appui sur leur ensemble, est très déconseillé.
Par ailleurs, une dalle ou un dallage en béton au ciment Portland au sol bloquent (ou au moins perturbent) les remontées capillaires.
Or, tel que nous l’avons aussi largement expliqué et décortiqué par ailleurs, un mur en pierre ancien, probablement assemblé à la terre, a besoin d’eau en quantité contrôlée (nous notons d’ailleurs qu’il est bien fait état de jointoiement au mortier à la chaux, preuve qu’au moins pour partie ce souci de perméabilité et perméance a été pris en compte, ce qui est bien une preuve que la volonté d’origine des propriétaires était de faire bien).
Le béton au ciment artificiel est très peu perméable, donc une dalle au sol va grandement bloquer les remontées capillaires et les orienter vers les murs, accentuant ainsi la présence d’eau dans les pieds de murs.
Épaisseurs d’isolant exagérées
Nous comprenons parfaitement la piste de l’objectif des économies d’énergie à l’exploitation, mais que dire ici des ressources consommées pour un tel niveau d’isolation, avec 400 mm de laine de bois ?
En effet, et nous l’avons très largement dénoncé ici, que penser de cette religion de la performance extrême ?
Si celle-ci s’obtenait sans incidence sur les ressources et le climat, du fait des matériaux mis en œuvre (de par leur fabrication, leur transport, leur mise en œuvre et leur recyclage en fin de vie, ce qu’on appelle l’énergie grise), nous applaudirions. Sauf que ce n’est pas le cas et les incidences soulevées ci-avant sont à prendre en compte au même titre que les consommations à suivre.
Or target= »_blank » rel= »noreferrer noopener »>diverses études démontrent que, très souvent, les bilans de la construction ou des travaux sont plus importants que ceux de l’exploitation.
Nous avons d’ailleurs mis en lien, ici, un tableau (pdf) qui démontre très clairement que le premier centimètre d’isolant est infiniment plus performant que le dernier, d’autant plus quand les épaisseurs mises en œuvre sont importantes.
Les ponts thermiques autour des menuiseries seront coupés… avec du polyuréthane
Comment imaginer l’alliage polyuréthane et écologie, polyuréthane et respect d’un bâti ancien ?
Il est quasiment fermé à la migration de l’eau, vapeur ou liquide. Or, dans cette situation de proximité de l’extérieur que représentent les tours de menuiserie, les risques de point de rosée sont importants (ici ils seront limités par la présence d’une VMC. Nous soulignons cet aspect des choses pour des cas, possibles, probables, d’autres maisons qui seraient non ou mal ventilées).
Les menuiseries, aussi performantes soient-elles, le seront d’autant moins dans la réalité de l’exploitation qu’elles n’auront pas été posées avec le souci de la continuité du matelas isolant que représentent l’isolant contre le mur et les menuiseries intégrées à cette paroi.
Nous aurions donc amplement préféré, dans le présent exemple, les voir posées non pas contre un probable épaulement dans l’épaisseur du mur, mais en applique dans la continuité de la surface intérieure du mur avant isolation. Ceci aurait permis de noyer les parties fixes des menuiseries dans le matelas isolant, annulant de facto le pont thermique de la façon la plus efficace qui soit et aurait, entre autres intérêts, permis d’éviter l’emploi de ce matériau qui est aux antipodes de l’écologie.
Nous conseillons aux lecteurs du présent article de consulter un de nos autres articles, dédié au positionnement des menuiseries dans le cadre d’une isolation par l’extérieur, donc à l’opposé de ce qui a été choisi ici, l’isolation par l’intérieur, mais illustre parfaitement nos propos.
Insuffisance de ventilation de la couverture
Compte tenu de la chaleur stockée l’été sous la couverture et de son incidence sur le lambda, il faudrait ventiler énormément la couverture pour permettre son évacuation et donc autoriser une épaisseur moindre de l’isolant de toiture, rejoignant ainsi ce que nous avons développé ci-avant, paragraphe “épaisseurs des isolants”.
Nous faisons cette remarque car ce ne sont pas les trois malheureuses tuiles chatières présentes sur chaque pan de toit qui assureront une ventilation suffisante. Certes elle suffira à garantir la pérennité de la couverture, mais pas l’évacuation de la chaleur… Heureusement le choix de l’isolant s’est porté sur un biosourcé d’origine végétale !
VMC double flux
Ayant déjà été fort critique, nous allons oublier toute retenue : les systèmes de VMC sont dans la majorité des cas des aberrations, en tout cas ici c’en est une !
En effet, ce genre de système nécessite énormément de ressources et d’énergie pour être fabriqué et installé (entre autres gaines et caissons doivent aussi être mis dans l’appréciation des coûts et amortissements, tant au plan financier qu’au niveau des ressources consommées et pollutions générées ou évitées).
Ce type de VMC est le plus souvent défendu et justifié du fait des calories récupérées via l’échangeur avant l’expulsion de l’air extrait. C’est incontestable, l’hiver, des calories sont évacuées en même temps que l’air ambiant, par définition chaud.
Nous avons donc fait le calcul de ce que coûte le réchauffage de l’air puisé à l’extérieur pour compenser cette perte de calories. Pour une maison de 100 m2, nous sommes arrivés à 131,67 € par an. Le coût d’installation d’une VMC Simple Flux (SF) étant d’environ 2 000 € et celui d’une VMC (DF) de l’ordre de 8 000, toutes incidences prises en compte, le temps d’amortissement du surcoût sera de 6000 / 131,67 = plus de 45 ans. Quand on sait que l’espérance moyenne de vie de ce type de machine est de l’ordre de 20 ans… on voit toute l’aberration financière de ce choix.
Au plan environnemental nous arriverions dans les mêmes eaux.
Ajoutons à cela deux moteurs de ventilateur, la nécessité de changer les filtres a minima deux fois par an, un entretien régulier nécessaire et… Stop, on a compris !
Pour finir sur la VMC double flux, elle ne se justifie, l’hiver, que dans des zones à climat extrême, ce qui n’est pas le cas ici, ou face à de forts risques de bruit extérieur… ce qui, semble-t-il, n’est pas vraiment le cas non plus !
Puits canadien
Nous n’allons pas, tel que nous l’avons fait pour la VMC DF, développer à nouveau ce que nous avons déjà présenté ici, simplement conseiller la lecture de l’article dédié.
En résumé on peut dire que la pertinence d’un tel système en ce lieu est du même niveau que celui d’une VMC DF, autant dire que ce n’est absolument pas pertinent.
Et comme un tel système représente un bilan, tant environnemental que financier ou de ressources ‘consommées’ et/ou ‘économisées’, il eut mieux valu s’en passer.
Confusion entre performance énergétique et confort
Certes le paradigme actuel est basé sur le fait que, pour vivre dans un bon niveau de confort, il faut chauffer, que chauffer coûte cher, consomme de l’énergie et pollue et que donc, pour consommer, dépenser et polluer moins, il faut isoler…
Dont acte, c’est ce que tout le monde promeut, y compris les autorités de tutelle, diktats largement relayés par les journalistes et le monde politique, toujours très preneur des “Y’a qu’à…, Faut qu’on…”.
Qu’en est-il dans la réalité ?
Très majoritairement les occupants envisagent des travaux d’amélioration énergétique d’abord et avant tout pour atteindre un meilleur niveau de confort.
Or le confort dépend de critères qui, en résumé et dans l’ordre d’importance, sont :
- une humidité relative comprise entre 45 et 65 %,
- un équilibre favorable entre perte et gain de chaleur par rayonnement,
- des parois et équipements qui sont à des niveaux de température très proches,
- de l’air stabilisé (c’est-à-dire pas de convection),
- une température stable (pas de variation, ni importante, ni rapide),
- un niveau de température adapté aux besoins de notre organisme (sous nos latitudes, maximum 28 à 30°, le minimum est plus une perception eu égard aux conditions environnantes : entre autres pour l’habitat, opposition entre l’intérieur et l’extérieur).
La température en tant que cible directe pour le confort n’a de réelle importance, prioritairement aux autres critères, que l’été.
Alors pourquoi chauffons-nous l’hiver ? (Edit 1 : à la demande, fort juste, de quelques lecteurs, nous apportons la précision suivante : Pourquoi chauffe-t-on l’hiver au-delà de 18 ou 19° ?)
Tout simplement car lorsque l’air ambiant dépasse 65 % d’humidité relative (dépassement favorisé par nos propres émissions de vapeur d’eau et les apports par l’évaporation des remontées capillaires), nous sommes dans l’inconfort, et que deux solutions permettent de revenir dans la fourchette de 45 à 65 %…
La première et plus logique consiste en l’élimination de l’excédent. Le renouvellement d’air en continu est la solution la plus efficace ; généralement une VMC est le système le plus adapté.
La deuxième solution consiste à faire baisser l’humidité relative en… faisant monter la température de l’air ambiant, ce qui en fait, de facto, baisser l’humidité relative ! Edit 2 : Ce n’est bien évidemment pas la solution, la plus logique, mais la plus simple dans les faits, et donc souvent celle qui est à la fois préconisée et adoptée.
Et voilà la cause du paradigme qu’on nous impose : chauffage et isolation !
Y aurait-il d’autres voies pour atteindre un bon niveau de confort ?
Oui, il y a de nombreuses autres solutions et nous les avons largement abordées dans nos colonnes.
Parmi les plus efficaces, signalons la prise en compte des caractéristiques des parements, en privilégiant ceux qui sont dotés d’effusivité et de diffusivité favorables, une gestion correcte de la teneur en vapeur d’eau de l’air ambiant, en favorisant les matériaux isolant à fort déphasage, à inertie…
A noter que beaucoup de ces pistes ont été prises en compte pour les travaux réalisés dans la maison sujet de cet article.
Conclusion
Nous resituons notre conclusion au niveau de ce que nous avons écrit dans le préalable : pas une critique pour la critique, mais une critique constructive…
Cette maison a certes permis de diviser par 10 la consommation par rapport à la situation préalable, c’est-à-dire une étanchéité du niveau d’un panier à salade, pas d’isolation, un chauffage à foyer ouvert, donc un rendement nul !
Gageons qu’avec des travaux moindres le niveau de performance aurait été, au pire, du double du résultat obtenu, soit 56 x 2 = 112 kWh/an/m2 (niveau global proche de la RT2005).
Le niveau de performance thermique étant 2 fois moins bon, nous imaginons que la consommation d’énergie supplémentaire pour le chauffage aurait été du double.
Imaginons que le kWh soit à un prix moyen de 0,11 €, nous serions face un surcoût de consommation de 150 m2 x 2 x 56 kWh/m2 = 16 800 kWh/année.
Sur le plan financier nous serions face à 16 800 x 0,11 = 1 848 €/an
A un taux de 1,5 %, cette annuité représente peu ou prou, sur 20 ans, assurance comprise, un emprunt d’un montant de 30 000 €.
Si nous divisons ces 30 000 € par 300 m2 habitables, nous arrivons à une différence de coût au m2 de… 100 € !
Il est évident que le surcoût au m2 du fait de la haute performance visée est bien supérieur à ces 100 €.
Gageons qu’au plan des ressources consommées et/ou économisées, des GES relâchés ou non, nous arriverions face à ce même constat.
Et après 20 ans ?
Dès lors, il ne s’agirait plus de comparer des économies lors de la phase exploitation face à des remboursements du fait de surcoût engendrés lors de la phase travaux puisque le crédit serait fini de rembourser.
Attendu que nous sommes ici en présence de systèmes assez pointus, donc plus fragiles, gageons que l’entretien s’avèrera nécessaire vers cette échéance de 20 ans, ces dépenses prenant le relais des annuités de crédit.
Et qu’en pense la planète ?
Pour elle, une consommation d’énergie et de ressources au moment des travaux ou lors de l’exploitation, c’est du pareil au même, donc si on consomme plus que ce qui sera économisé, nous augmentons notre impact à la fois en consommation de ressources et au plan des émissions de GES…
Et qu’en penseront les générations futures ?
Elles ne nous béniront probablement pas d’avoir fait de tels choix…
Comme l’a écrit Antoine de St Exupéry, n’oublions jamais que nous ne sommes pas propriétaires de la planète : nous l’empruntons aux génération futures.
Dans le même ordre d’idée, et aussi aberrant que soit le concept du développement durable tant ces deux mots sont antinomiques, il faut “répondre à nos besoins présents sans compromettre, pour les générations futures, la possibilité de répondre aux leurs”… Sachant que nous vivons sur une planète dont les réserves sont connues et limitées, il est évident que toute consommation actuelle non juste sera jugée très durement par nos descendants.
Tout l’art de poser le curseur au bon endroit !
Alors, faut-il pour autant ne pas viser des rénovations de bon niveau ?
Certes non, il faut juste que nous redevenions sages et que nous apprenions à apprécier au plus juste ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas, ce qui est pertinent et ce qui ne l’est pas.
Il faut aussi opérer des choix tels que nous l’avons vu dans l’exemple que nous a proposé Alec 01 : des matériaux biosourcés, de proximité, performants, durables, respectueux de l’environnement en général et de celui des occupants plus particulièrement.
Il faut également, et tout particulièrement pour les bâtis très anciens, présents depuis bien avant nous, les œuvrants ou bénéficiaires actuels, veiller à permettre à ces habitats de nous survivre très longtemps…
Respectons nos habitats, c’est la première démarche pour nous respecter nous-mêmes !
Crédits Photos : vidéo Alec01 (image de Une), Classiccardinal et VIGNERON (wikimedia), Murtronic
Je m'inscrit en faux sur la connaissance de l'artisan ayant mis en oeuvre l'isolation des murs: la technique n'est pas correcte => les rails et montants mis en oeuvre comme ossature ne sont pas les bons pour limiter les ponts thermiques!