Le béton écologique ! Qui eut cru que ce serait possible ? Qui ne s’en réjouirait ?
C’est pourtant ce qu’on tente de nous vendre , suite à 2 inventions de Daniel LEBREQUIER, bétonnier de métier, qui a eu l’idée de créer il y a 9 ans un concept, CEMBOX, pour fabriquer de l’éco-béton, c’est à dire un béton respectueux de l’environnement.
Quelques chiffres concernant le béton :
- Ciment : 5% des émissions mondiales des gaz à effet de serre Rapport de développement durable 2011 – Lafarge page 11 § “Changement climatique”,
- le ciment, c’est aussi des émissions de NOx, gaz hautement toxiques et à fort pouvoir GES
- n’oublions, au titre des émissions, celles de SO2, Dioxyde de soufre – Wikipédia, en partie responsables des pluies acides,
- sachant que le béton, ce sont aussi des agrégats qu’il faut extraire, de l’eau et du transport, combien d’émissions au total ?
À la lecture des chiffres ci-dessus, toute invention qui tendrait à rendre le béton respectueux de l’environnement serait important !
… Mais, qu’en est-il réellement et cela n’arrangerait-il pas certains ?
Quelles innovations ?
Il s’agit de traiter les retours et les eaux de nettoyage.
D’emblé,e on comprend que la face du monde ne va pas en être changée.
Que sont les retours de béton ?
Il s’agit des toupies de béton de retour à la base. Si, selon ses calculs et prévisions, un maçon a besoin de 8 m3 de béton pour réaliser un travail, il en commandera 8,4 ou 8,5 m3 afin d’être certain de finir son ouvrage, se disant qu’il vaut mieux en avoir un peu trop que pas assez.
Pourquoi en commander plus que nécessaire ? Une erreur de 0,4 ou 0,5 m3 parce qu’il aura 1 cm de plus épais que prévu du fait d’un mauvais calage de ses règles, mauvais réglage d’altitude de ses coffrages de bordure de dalle, pas assez de cailloux dans un hérisson sous chape de compression ou que sais-je d’autre est toujours possible.
Donc commander un complément en urgence avec déplacement d’un nouveau camion, blocage de personnel sur le chantier, etc … lui coûteraient infiniment plus cher que le petit surplus commandé au cas où …
Au final, le maçon ne s’est pas trompé, ou s’est trompé dans l’autre sens. Bref, il en reste dans la toupie. Que faire ? Recharger dessus à la centrale ? Non, pas possible, peut-être qu’elle serait alors trop chargée car les doses d’agrégat, de béton et d’eau mises à la centrale ne s’improvisent pas et si elle est trop chargée, le béton déborde en roulant, ce qui serait, bien sûr dangereux et, de toute façon, est interdit. De plus le béton en retour n’est pas forcément de même composition et dosage que celui qui va partir.
Il faut décharger cette toupie avant de la recharger. Si un truc en complément est prêt sur le chantier, comme le coulage d’un petit regard ou autre, tout est simple, on le coule et ainsi la toupie est vidée. Possible aussi que le voisin ait un besoin. A la campagne parfois un agriculteur utilise comme ça se présente ce qui est en trop et résout ainsi le problème de ce trop plein.
Et voilà la première innovation
Un grand récipient sous la forme d’une cuve étanche à côtés amovibles pour démoulage et dans lequel tous les retours de toupie seront déversés permettra d’attendre qu’ils opèrent leur prise. Après démoulage, il suffira de les concasser et ils deviendront alors un agrégat qui pourra être intégré dans d’autres bétons.
Très ingénieux et bien vu. Mais combien de volume de retour par rapport aux volumes envoyés ? moins de 1%, surement pas plus.
- Le fait d’éviter de polluer avec cette petite quantité, aussi intelligent que ce soit, ne fait pas du béton utilisé un matériau moins émetteur de gaz à effet de serre.
- Cela aura-t-il empêché que ce béton récupéré ait lui-même émis des GES ?
Non aux deux questions.
Alors, y-a-t-il un gain et une avancée pour les bétons ? NON.
Cela aura simplement permis aux fabricants de béton d’acheter une peu d’agrégats. En fait c’est un bénéfice pour eux, pas pour la planète.
Allez, soyons juste, on aura extrait un peu moins d’agrégats à la planète, mais ça ne change rien, ou si peu, à ce qui vient d’être décrit que le résultat est le même : greenwashing.
La deuxième innovation
Récupération des eaux de lavage des équipements dans une cuve étanche appelée “silo-décanteur” et, après décantation, utilisation de cette eau pour l’intégrer dans la fabrication de béton ou , à nouveau, nettoyage et lavage des équipements.
Là aussi, très ingénieux et judicieux /
- évite la pollution de la nappe phréatique,
- permet d’économiser de l’eau “propre” issue de pompage ou d’un réseau de distribution d’eau,
- permet, après vidange du silo, la récupération des éléments initialement en suspension et les réintégrer dans la chaîne de production.
Cela change-t-il les émissions de gaz à effet de serre générés par la fabrication, le transport et la mise en œuvre du béton utilisé ? NON
A nouveau : greenwashing.
Conclusion
Les deux innovations présentées auront-elles un bénéfice, même peu important, mais réel sur le béton fabriqué et mis en œuvre? NON, ou si peu !
La seule véritable avancée consiste à éviter de déverser les soldes de toupies dans la nature. Ainsi, les centrales à béton évitent le risque de se faire verbaliser pour rejet illégal. Le véritable bénéfice est là, et il est pour eux.
Alors pourquoi avoir essayé de nous faire croire le contraire ?
Pour que, bien présenté, ces éléments impriment notre pensée et nous fassent évoluer vers la croyance que le béton est de plus en plus propre et alors, croyance nouvelle ancrée en nous, nous en utilisions tous, sans crainte : GREENWASHING.
Source : leblogdubatimentdurable : béton | Le Blog du Bâtiment