Nous avons désormais tous l’information que nous subirons des canicules tous les étés.
Ceux qui s’intéressent aux phénomènes de canicule savent que cette situation durera des dizaines d’années, probablement même plusieurs centaines.
Au-delà des canicules, nous constatons le bouleversement des précipitations. Elles sont moins régulières mais plus importantes en volume par précipitation, plus longues et plus espacées.
Ces espacements entrainent des sécheresses. L’amplitude des pluies déclenchent des inondations des glissements de terrain et… une humidité relative de plus en plus importante.
Cette humidité relative génère de forts inconforts, tant pour les habitants que pour les habitats, avec des pathologies qui s’accélèrent.
Nous avons produit un article dans lequel nous décrivons ce que nous pensons avoir compris des phénomènes en jeu.
Sans aucune prétention, simplement à titre d’évocation de probabilités, nous expliquons ce que nous, non spécialistes, pensons pouvoir qualifier de fortes probabilités.
Nous ne prétendons rien, tout au plus la certitude de la redondance des événements évoqués et donc la nécessité d’adaptations auxquelles nous sommes, bon gré, mal gré, contraints… faute de quoi nous connaîtrons des temps difficiles.
Engagés de très longue date dans le bâtiment, nous revendiquons une expérience certaine, basée sur des analyses, des essais, des tests, allant de la théorie à la pratique avec de très nombreux chantiers réalisés et un recul certain.
Pour ceux qui pensent que toute cette littérature ne sert à rien, rendez-vous vite à la fin de cet article, paragraphe “Petit bonus“. Vous pouvez aussi regarder notre vidéo sur ce sujet.
Les phénomènes liés au bouleversement climatique
Pour rappel, nous avons décrit les phénomènes en jeu (en tout cas selon notre analyse) et ce qu’ils provoquent.
Ci-après, nous rappelons sommairement ce que nous avons beaucoup plus largement développé dans l’article déjà cité.
Les canicules
Les problèmes de santé publique commencent à apparaître.
En effet, selon l’observatoire “Catastrophes Naturelles“ qui, bien qu’indépendant, nous semble le plus complet pour répertorier toutes les causes de décès dans le monde directement imputables à un type précis et isolé de catastrophe. Les chiffres ci-après sont issus de leur site :
Type d’événement | Nombre d’événements | Nombre de morts dans le monde |
Froid et neige | 37 | 407 |
Canicules | 30 | 6537 |
A noter que si l’on tient compte des morts en prenant en compte les maladies attachées aux conditions saisonnières, tel que la grippe, il semble qu’alors les proportions s’inversent. Cependant il ne nous semble pas juste d’associer les conditions sanitaires aux conditions climatiques.
Les précipitations amplifiées
Pour des raisons de montée en température de l’air ambiant sur toute la planète, parce que, en même temps, les surfaces des mers et des océans augmente, plus d’évaporation se produit, parce que les températures de la haute atmosphère n’ont pas changé, en certaines saisons la vapeur d’eau en excès dans l’atmosphère se condense et… il pleut !
Ce qui est ennuyeux c’est que ces pluies sont en volume très supérieur à ce que nous connaissions. Et, aussi longtemps que les conditions décrites ci-avant perdureront ou s’amplifieront, les volumes de pluie se maintiendront, voire augmenteront. Ceci se produit sous forme de cycles saisonniers inconnus jusqu’à récemment, à tel point que nous nous approchons, dans certaines régions, d’un climat de mousson.
Nos terres ne sont pas adaptées, nos aménagements encore moins, et nous devons gérer des excès d’eau à certains moments.
Les sécheresses
Alors que, comme décrit ci-avant, nous connaissons de plus en plus souvent des excès de pluie et d’eau, à d’autres moments et/ou en d’autres lieux, nous faisons de plus en plus souvent face à des absences de pluie.
Les excès de vapeur d’eau dans l’air
Les excès de pluie et de saturation de nos sols en eau en certains lieux, à certaines périodes, conjuguées avec la saisonnalité (souvent en fin de printemps et début d’été) déclenchent une montée en température des sols et de l’air.
Cette vapeur d’eau excessive dans l’air ambiant extérieur se retrouve aussi en excès dans l’air intérieur, ce qui déclenche des ressentis d’inconfort.
Si les quatre phénomènes évoqués ci-avant ne changeaient rien sur notre confort, sur nos habitats, sur nos vies, entre autres au niveau de pathologies qui peuvent nous impacter, peut-être pourrions nous ne pas nous en inquiéter outre mesure, hélas ça n’est pas le cas.
Les “catastrophes“ générées
Les évolutions climatiques et les changements ont commencé, semble-t-il, à générer des effets négatifs.
Risques d’inondations ou glissements de terrain
Les pluies les plus importantes ont désormais lieu depuis la fin de l’hiver jusqu’au début de l’été, soit de mars à mi-juin.
Les plantes ayant déjà largement recouvert les sols réduisent la pénétration d’eau dans le sous-sol et maintiennent cette eau en surface.
Il en résulte des ruissellements de surface amplifiés. Conjugués à la très large artificialisation des sols, ils génèrent des apports importants et rapides sur les bassins versant.
Les exutoires de surface censés les évacuer vers les rivières, souvent mal entretenus, saturent et débordent. Dans le meilleur des cas, cette eau est évacuée vers des ruisseaux et rivières qui risquent de déborder et provoquer des inondations.
Dans le pire des cas, ces flots inondent les bassins versants inférieurs. A la faveur d’une retenue improvisée par des mouvements de terre naturels ou récents, ils imbibent les couches enterrées jusqu’à, parfois, en provoquer le glissement.
Constructions en zones inondables
Ajoutons à ces phénomènes celui qui, pour nous, n’est pas le moindre : les constructions en zones inondables. Comment qualifier l’inconséquence des autorités de tutelle qui se sont exonérées de ce que les anciens avaient parfaitement compris ? Ces inconséquences, ajoutées aux bouleversements climatiques font que, en 2022, selon Géorisque, 26,7% de la population française réside dans une zone inondable…
Là où une inondation s’est produite, fut-elle très rare, une autre inondation se produira, ceci quelque soit l’ampleur des travaux entrepris !
Dans le meilleur des cas, ceux-ci limiteront un peu l’amplitude du débordement. Le plus souvent, ils ne feront que retarder la concrétisation du risque de quelques heures.
Assèchements et gonflements des couches d’argile
24% du territoire français est concerné par ce risque. Moins de 30% du territoire est hors risque… Autant dire que l’immense majorité des territoires métropolitains est concernée et que nous n’avons pas fini d’en entendre parler. Ce risque est lié au gonflement des couches d’argile lors de périodes de fortes précipitations et d’assèchement aux périodes de sécheresse. Or l’argile est assez sensible aux variations dimensionnelles en fonction de sa teneur en eau, un peu à l’image d’une éponge. Les constructions ont, autrefois, été construites sans semelles filantes en béton armé, pour plusieurs raisons :
- les périodes de pluie et de sécheresse étaient beaucoup moins intenses et longues. Les variations dimensionnelles des couches d’argile étaient faibles à inexistantes. Donc, si pas de risque ou risque très faible, on ne s’en préoccupe pas,
- les bâtis étaient construits selon des techniques d’élévation des murs qui encaissaient mieux les déformations,
- les bâtis étaient souvent plus modestes, moins rigoureux et leurs occupants moins exigeants sur la tenue et l’usage de leur habitat,
- les parements et les liants qui servaient à leur réalisation étaient plus “plastiques“ et, souvent, leurs surfaces étaient grandes, limitant ainsi leur impact visuel,
- on se préoccupait moins de la durabilité des choses, l’urgence de la disponibilité et de l’exploitation l’emportant sur la durabilité. Même se celle-ci s’est souvent avérée très bonne,
- on admettait plus facilement la nécessité de la “reprise“ des éléments et de leur correction. Désormais, on aimerait que nos réalisations durent des dizaines d’années sans que nous ayons à les entretenir. Par exemple, on admettait qu’un enduit de façade, à base de chaux, devrait être, a minima, repris tous les 50 ou 60 ans
Ce phénomène aboutit à des déformations et fissures des habitats concernés.
Excès de chaleur dans nos habitats
Les canicules de plus en plus nombreuses que nous connaissons font monter en température les parties exposées de nos habitats.
Pour des raisons de limitation de coût, parfois de contraintes de hauteur limitée pour les sablières et parce que nous n’avions plus besoin d’espace dans les greniers pour y stocker du fourrage ou autres denrées, parce que nous avons souhaité agrandir l’espace habitable, nous avons abandonné le principe du grenier et, ce faisant, nous nous sommes privés de cet espace tampon qui limitait la répercussion des effets du soleil sur les toits.
Nous avons ensuite éprouvé le besoin de les éclairer, ce qui a été réalisé à moindre coût avec des menuiseries de toiture.
Ces fenêtres, directement exposées aux rayons du soleil lorsqu’ils sont le plus puissant, sont rarement équipées d’un store extérieur, seul principe réellement efficace l’été. Elles deviennent de facto de véritables chaudières l’été.
A noter d’ailleurs que toute solution type jacobine, chien assis ou autres lucarnes de toit, du fait de l’augmentation de la surface d’échange avec l’extérieur génèrent également une pénalité thermique.
Pour des raisons liées à des refus d’admettre que le déphasage n’est pas simplement une vue de l’esprit, pour des raisons de “force de l’habitude“, pour des raisons de propagande bien menée par des fabricants qui veulent vendre leur production, parce que tout ce qui devrait être fait ne l’est pas, la chaleur pénètre facilement et durablement par les toits.
L’inertie de nos habitats
Certains disent que ce n’est pas grave et que ce qui compte le plus est de disposer de fortes capacités d’inertie dans l’habitat, soit du fait de la structure, soit du fait des aménagements. S’il est vrai que cette inertie “capture” une partie de l’énergie ayant pénétré dans l’habitat et limite ainsi la montée en température de l’air intérieur, elle se retrouve stockée dans des éléments intérieurs qui, eux, vont retarder le retour dans une ambiance de confort. En effet, qui dit inertie et transfert d’énergie vers ce qui la génère dit “chargement d’une batterie thermique !
Pour des raisons, là encore de coût limité ainsi qu’une certaine facilité de réalisation, nous ne construisons plus nos murs en éléments lourds et épais. Par facilité de réalisation et force de l’habitude, nous avons souvent isolé nos murs extérieurs par l’intérieur ce qui, de facto, déporte une bonne partie des capacités d’inertie vers l’extérieur.
Ces “fausses routes” nous privent d’une possibilité de transfert de la chaleur de l’air vers ces éléments lourds et à forte inertie. Même si ce subterfuge ne serait pas l’idéal, s’en priver reste dommageable pour l’été.
Attendu que, pour de bonnes raisons, nous isolons le mieux possible nos parois et attendu que, hormis les planchers bas en cas de construction sur terre plein, les autres parois sont en contact avec l’air extérieur chaud (en tout cas l’été en période de canicule), ces parois n’ont pas de possibilité d’évacuation de la chaleur. Pour y parvenir il faut attendre que l’air extérieur soit plus froid que l’air intérieur ambiant, c’est-à-dire dans les faits, seulement pendant quelques heures, la nuit.
Le reste du temps, ces parois seront possiblement même assez chaudes, donc pénalisantes pour le confort car assez fortement émettrices de rayonnement infrarouge.
L’isolation des sols
Dans le même sens que ce qui précède, pour des raisons de limitation des fuites de chaleur par le sol et, surtout, pour éviter la sensation de pieds froids, nous avons isolé nos sols, y compris sur terre-plein… dommage (vidéo) !
En effet, le froid attire le chaud et les sols sur terre plein voient leur chaleur constamment évacuée vers le tréfond qui, lui, est aux environs et au-delà de 1,5 à 2 mètres de profond est aux environs de 12 à 13°C.
A noter que ceux qui pensent que l’isolation de cette paroi serait intéressante l’hiver pour économiser de l’énergie de chauffage, rappelons que le Delta de température entre ce qui est préconisé en tant que température maximale, 19°C et les 12° du tréfond n’est que de 7°C. Et comme le flux d’énergie est, entre autres, dépendant de ce Delta, il y aura peu de gain l’hiver à comparer à l’avantage perdu l’été !
Pour ces mêmes tenant de l’isolation, des sols, rappelons que, sauf à chauffer par le sol, ce que nous ne conseillons pas, même en isolant le plancher bas, celui-ci sera toujours à plus de 8 ou 10°C de Delta T par rapport à notre voûte plantaire, ce qui génèrera un ressenti de pied froid.
Il est donc beaucoup plus efficace de mettre une interface isolante entre notre voûte plantaire et le sol sur lequel nous reposons… ce que font très bien des semelles épaisses telles que celles de certains sabots ou de charentaises. Les tapis au sol, tellement courants autrefois, le font très bien aussi.
Excès d’humidité relative dans nos habitats
Ce phénomène est probablement un des moins connus et, en tout cas et de façon certaine, un des moins compris.
En effet, pour info, rappelons ici que l’Humidité Relative (HR) est la part de chemin parcourue entre l’impossibilité de voir de la vapeur d’eau dans l’air se condenser (HR : 0%) et celle où, a contrario, les molécules d’eau contenues sous forme de vapeur vont s’agglomérer les unes aux autres, appelé point de rosée, ce qui correspond à la condensation (qui se nomme aussi liquéfaction : passage d’un état gazeux à un état liquide).
Or notre confort dépend beaucoup du niveau de l’HR de l’air de l’espace dans lequel nous nous trouvons.
L’hiver, à 19°C, l’idéal est de se situer dans air à 55% d’HR. Certes, l’été, on peut monter de 10% sans en pâtir trop.
Cependant l’été l’air étant chaud et les évaporations importantes, l’air est très souvent chargé de beaucoup de vapeur d’eau. Par exemple cette année, 2024, dans le Bourbonnais (Allier), l’humidité relative a été très élevée de mai à mi-août, avec des températures le jour allant de 20°C le matin à plus de 37°C en plein après-midi, ceci avec des taux d’HR allant de 68, 70% dans la journée à plus de 80% la nuit. Impossible de revenir à des niveaux classiques de ressenti de confort.
Il sera, dans le futur et si ces conditions se renouvellent et perdurent, d’éviter des systèmes actifs de correction.
De plus en plus de régions sont soumises à ces conditions, à commencer par une partie importante de la Nouvelle Aquitaine, une partie aussi de l’arc Atlantique et jusqu’à la Bretagne.
Ces régions tendent vers un climat de type tropical…
Conclusion et… (solutions)
Nous venons d’énumérer les principaux phénomènes que les bouleversements climatiques nous laissent craindre, ceux qui impactent déjà notre confort, notre santé et/ou nos habitats.
Il y a fort à parier que nous ne verrons pas nous-même, que nos descendants directs et même probablement les leurs ne verront pas ces phénomènes diminuer et disparaître.
In fine, la situation ne reviendra pas à ce qu’elle était avant la révolution industrielle et nos folles consommations d’énergies fossiles avant des décennies et que même ce retour se produira dans quelques siècles…
Nous devons donc imaginer comment nous protéger ou, au pire, corriger ou compenser les phénomènes évoqués ci-avant et, surtout, leurs effets négatifs.
Nous pensons qu’il serait déraisonnable, pour des raisons de longueur d’article, de développer ci-après et dans ce même article les précautions qu’il serait bon de prendre et/ou les solutions qu’il nous faudra probablement prévoir un jour pour nous protéger des effets indésirables, délétères même, des conséquences de nos inconséquences !.
C’est pourquoi nous avons fait le choix d’aborder cette partie “Prévisions, Précautions et Solutions“ dans un nouvel article à paraître prochainement.
Petit bonus
A la suite d’une première vidéo présentant notre 1er article publié ici et développant les causes possibles des bouleversements climatiques, certains de nos abonnés se sont exprimés sur leurs idées ou convictions propres.
“Le dérèglement climatique… foutaise“, “c’est pas les pluies qui sont la cause des sécheresse, c’est la mauvaise gestion de l’eau de surface“, “pourquoi faire des efforts, faudrait d’abord éduquer ceux qui consomment le plus, d’énergie fossile, à commencer par les Américains”, nous nous y attendions et donc nous n’avons pas été déçus !
Alors oui, les Américains exagèrent… tiens au fait, que pensent un Pakistanais ou un Philippin de nos modes de vie à nous, Français ?
Et quand on critique les Américains, ce sont lesquels ? Les Etats Uniens bien sûr ! Mais alors, que penser de nos amis Canadiens qui leur dament le pion et des Mexicains qui, eux aussi, sont Américains mais consomment trois fois moins que nous, Français ?
Pas simple, pas simple… alors nous allons quitter ces polémiques stériles et aller à l’essentiel :
- Il ne s’agit pas de faire les choses pour les autres ou à la place des autres, non, agissons par égoïsme !
- Appliquons l’adage populaire “On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même”
- Ou encore “Charité bien ordonnée commence par soi-même !“
- Et il y a certainement d’autres façons de le dire, cependant nous pensons que le message devient clair : “JE FAIS POUR MOI !”
Pourquoi ne pas diminuer nos « souffrances » ?
Donc et pour rappel, que nous soyons responsables des bouleversements climatiques, un peu, beaucoup, “énormément”, à la folie ou pas du tout, peu importe, nous en subissons les effets qui nous impactent dans nos vies, dans la gestion de nos habitats ou dans notre vécu à l’intérieur (pour ceux qui ne veulent pas croire aux bouleversements climatiques, nous ne pouvons rien !).
Un des moyens de corriger ces effets que nous ne pouvons pas éviter mais subissons ne serait-il pas d’aménager ou adapter ce qui n’y était pas préparé pour diminuer nos “souffrances” ?
Oui, probablement et, ne serait-ce que pour cela, se buter et s’opposer à tout changement pour nous serait-il intelligent, une preuve de notre force de caractère et d’opposition ?
Non, être pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour a au moins une limite : se faire mal à soi-même…
Alors au nom de notre intelligence individuelle, agissons pour nous, individuellement, pour notre bien-être, pour notre porte-monnaie, pour la pérennité de notre bien et… si ça fait du bien aux autres; tant mieux ou tant pis…
Simplement, agissons. Nous avons d’autres sujets de mécontentement et de report de responsabilité sur l’autre, ne boudons pas notre intérêts, nous pouvons même aller jusqu’à la recherche du bonheur… SOYONS, SOYEZ EGOISTES !
Crédit image : La Loire à Nevers, février 2012, Origine Wikipédia, auteur Cypris