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  • Ecologie et résidence secondaire sont-elles compatibles ?

Les campagnes se dépeuplent. Les maisons et anciennes fermes, autrefois habitées par des résidents à demeure, sont de plus en plus en plus souvent occupées épisodiquement, au gré des vacances. Elles ont changé de statut et sont passées du statut de résidence principale à celui de résidence secondaire. 

Les montagnes et les bords de mer connaissent également une recrudescence de résidences secondaires.

Ces vagues de fond semblent inéluctables, mais qu’en est-il de l’impact de ces faits ?

Pourquoi disposer d’une résidence secondaire ?

Les réponses sont multiples et, disons-le d’emblée, généralement fort louables.

Petit florilège de la défense de cette résidence exploitée seulement épisodiquement :

Une “colo”

L’organisation de vacances pour un groupe par les grands-parents dans leur grande, souvent trop grande, maison de famille héritée de leurs parents, conservée par attachement sentimental, pour la mémoire du lieu où eux ont grandi, ayant gagné son statut de “maison de famille” mais qu’ils n’habitent pas à l’année : “l’hiver, c’est trop triste ici !”.

Les petits plats de Papy ou Mamie, les rigolades dans la chambre commune, le petit tour dans la “de-deuche” de l’ancêtre.

C’est un excellent moyen pour lier ou maintenir des liens familiaux intergénérationnels, si utiles à la socialisation.

Une cousinade tous les étés

C’est fort agréable et tellement important pour les cousins et cousines !

Quoi de mieux que la grande maison de famille, à la campagne, à la mer ou à la montagne, devenue résidence secondaire pour ce faire ?

En effet, vie professionnelle et aspirations de leurs parents obligent, généralement éloignés géographiquement les uns des autres, ne favorisent pas les contacts réguliers. 

La création ou maintien de liens entre jeunes cousins et cousines sont de plus en plus souvent trop rares. Ce support immobilier est une excellente base pour les retrouvailles : un lieu déjà approprié, les trésors dans le grenier, les cabanes des années passées, le souvenir d’anciennes aventures…

Un espace de ressourcement pour le noyau familial

Une maison où les petits, accompagnés de leurs parents, vont respirer le bon air de “là-bas”, par opposition à l’air “malsain” de la ville, le partage avec les adultes pour construire une cabane, aller cueillir des fraises des bois et faire une tarte maison … tant de programmes possibles quand on est en vacances “là-bas” !

Un lieu privilégié pour rester en contact avec la nature, produire quelques tomates cerises, aller au marché voisin acheter des produits qui sentent tellement bon le terroir. “On va même en ramener quand on rentrera chez nous” !

Sauvegarde d’un patrimoine bâti

On participe à la survie de maisons qui, autrement, auraient été vouées à l’abandon, tout au moins est-ce une justification parmi tant d’autres de la détention de ce bien occupé épisodiquement… 

Un petit air de famille Ingalls dans “La petite maison dans la prairie”, Charles qui sauve le bien familial à la force de son travail manuel et grâce à ses compétences de bricoleur… dommage que la voisine, “Mme Truc”, ressemble tellement à, Mme Oleson !

Qui pourrait être contre de tels arguments ? Qui oserait dire qu’ils ne sont pas recevables ?

Pas nous en tout cas !

Et pourtant…

Si tous ces arguments sont, de fait, non seulement entendables mais, de plus, recevables et, en lecture simple, souvent même fort louables, ne pourrait-il pas y avoir des effets néfastes à ce concept devenu à la portée d’un nombre de plus en plus grand de nos concitoyens, la(es) face(s) cachée(s) de la résidence secondaire en quelque sorte ?

Préalable

Rappel de ce qui, selon nous, est un habitat écologique :

  • un habitat respectueux de l’environnement,
  • un habitat sain,
  • un habitat autonome,
  • un habitat collaboratif.

Au départ, lors de la disparition des anciens occupants à titre principal, de multiples bâtisses en zone campagne, aux fins fonds de nos provinces, se sont retrouvées plus ou moins à l’abandon. Quel élu, quel voisin ne se réjouit pas de voir un “courageux” urbain se lancer, soit par héritage, soit par achat et, ainsi, sauver ce qu’on aurait pu craindre de voir se dégrader ?

Puis, le temps passant, les échanges qui finissent par se produire, il apparaît que si la bâtisse est, peut-être, sauvée en tant que bâtiment, que devient la vie dans ces lieux ?

Que sont devenues les notions anciennes d’occupants tels qu’en témoignent les écrits du sieur Nicolas Nicolay pour décrire sa région du Bourbonnais, peu ou prou sise sur l’actuel département de l’Allier, un des plus anciens documents répertoriant les aspects géographique, d’organisation politique et sociétale, de la levée des taxes et impôts, datant de l’an 1569.

Il y parlait non pas d’habitants, mais de feux, cet état du maintien d’un lieu chauffé, forcément à l’époque avec alimentation régulière, témoignant d’une présence humaine et, conséquemment, d’une vie.

Nous avons le souvenir, sur la commune de Saint-André-de-Boëge, en Haute-Savoie, lors d’une escapade vers l’année 1985 au lieu-dit “La Mollière” de la réponse de l’un des derniers occupants de l’endroit en résidence principale, de ces vieux montagnards tellement attachés à leur lieu de vie (les déplacements n’y étaient pas aisés à l’époque de sa jeunesse, probablement fin du XIXème siècle) et qui, à la question “Avez-vous toujours vécu là ?” nous répondit : “Oui, j’allais à l’école à “La Corbière”, en dessous. J’ai connu septante âmes ici, à “La Mollière”.

Parmi ces “âmes”, il y avait probablement nombre d’agriculteurs et autant de carriers tel qu’en témoigne la carrière d’extraction de meules visitable sur place.

A ces époques on ne parlait pas de maison, résidence principale ou secondaire, mais de feux, de vie, d’âmes… Autres époques, mais foin de la nostalgie, les temps ont changé.

Que faut-il pour qu’un habitat soit respectueux de l’environnement ?

Un habitat n’est pas, en soit, respectueux de l’environnement. Ce sont ceux qui ont choisi son implantation, l’ont édifié ou fait édifier, qui l’occupent, l’entretiennent, l’exploitent, qui en font un objet qualifiable ou non d’écologique, selon que leurs choix auront, ou non, été judicieux.

Les impacts sont nombreux, allant des ressources en matières premières utilisées pour le gros œuvre, mais aussi pour les divers équipements et systèmes qui en permettent l’exploitation, de l’installation électrique ou de plomberie à la distance d’accès, de l’énergie pour le chauffage au carburant pour s’y rendre, de l’énergie pour fabriquer et/ou installer les systèmes au recyclage de ce qu’on y produit (déchets), de la voiture utilisée pour y accéder au ramonage des conduits de cheminée, de la tondeuse à la peinture pour conserver un bel aspect à la chose…

Quant on sait qu’une fosse septique nécessite autant de soins et matériaux pour gérer les rejets pendant quelques jours que ce qu’elle aurait nécessité pour un emploi continu, qu’il en va de même pour un appareil de cuisson qui, peut-être, ne cuira guère plus qu’une dinde à Noël, on voit déjà un peu qu’aussi agréable que puisse être une résidence secondaire, l’impact de ceux qui l’utilisent n’est pas anodin !

A qui attribuer le bilan carbone ?

Tous ces équipements énumérés ci-avant, tous leurs emplois, tel que nous l’avons évoqué, induisent, entre autres, des émissions de carbone. Tenons-nous-en à cet emblème qu’est le CO2.

Si le fait d’en émettre trop contribue effectivement au dérèglement climatique (il n’est plus grand monde pour le nier, à part peut-être certains individus qui, concomitamment, affirment que la terre est plate ou que nous sommes issus du créationnisme…), à qui attribuer ces émissions ?

Pas à la maison, elle est un élément inerteC’est nous, les occupants, qui sommes la cause de ce qu’elle émet

Attribuer un bilan carbone au m2 est une erreur fondamentale. 

Certains disent que le carbone émis pour la construction de leur maison ancienne est déjà amorti et que donc, eux sont vertueux, au moins sur ce plan. 

Disons le clairement, c’est au mieux moins mal, mais elle devra être entretenue, équipée, chauffée, il faudra s’y rendre et, forcément, le bilan carbone global et personnel de ses occupants en sera accentué.

Nous avons décidé d’être disruptifs et pensons que nous devrions être tous responsables de nos émissions (vidéo humoristique), quelles qu’elles soient. Reste à apprécier ensuite leur niveau de justification selon leurs usages

Quid de la non-exploitation réelle des sols ?

Un habitat écologique devrait aussi permettre à ses occupants, dans la mesure du terrain d’assiette, de tendre vers l’autosuffisance, autant pour ce qui concerne l’eau que pour l’énergie nécessaire à son exploitation ou/et même la nourriture nécessaire.

Beaucoup des résidences secondaires sont des appartements (mer ou montagne le plus souvent). Il va de soi que si tel est la nature du bien, il ne peut rien assurer de cet ordre, sauf peut-être pour une partie de l’énergie d’exploitation en cas d’implantation et gestion collective de panneaux solaires, thermiques ou photovoltaïques.

Par contre, en ce qui concerne les maisons implantées sur des terrains laissant des espaces disponibles, ce devrait être le cas. Dans l’immense majorité des situations, l’exploitation se limite au concert des tondeuse lors de la tonte réalisée dès l’arrivée, accompagné parfois, l’automne, des souffleurs à feuilles. Ces deux équipements engendrent également un impact du fait des ressources et énergies consommées pour les produire ainsi que du fait de l’énergie nécessaire à leur utilisation.

Donc, pour ce point particulier : double peine, non seulement il n’y a pas d’apport réel en réponse aux besoins mais, en plus, l’entretien accentue encore le bilan négatif global des utilisateurs vis-à-vis du climat et des ressources.

Qu’en est-il de l’exploitation hors la présence ?

Tout habitat nécessite, au moins l’hiver, un peu d’énergie pour le maintenir hors gel. Faute de cette précaution, les risques sont grands de le voir se dégrader sous l’effet du gel. 

Il devrait en aller de même en ce qui concerne le renouvellement d’air, malheureusement souvent coupé (en même temps que le compteur électrique : “on ne va quand même consommer de l’électricité alors que nous ne sommes pas présents !”)

De tels comportements peuvent avoir des effets non négligeables sur le plan sanitaire, nous l’abordons plus avant.

Poids des transports pour s’y rendre ?

Qui dit résidence secondaire dit lieu éloigné, plus ou moins, mais éloigné quand même du lieu de résidence principale.

Et pour jouir d’une résidence principale, il faut s’y rendre, ce qui est rarement fait à pied ou à vélo, au mieux en transport en commun (rarement car l’autonomie lors du séjour est fortement revendiquée) !

S’il fut un temps où, au nom de l’insouciance générale liée à l’inconscience tout aussi générale de la situation climatique de la planète et des impacts de nos actes, le fait des déplacements n’était tout simplement pas même évoqué, peut-il encore en être ainsi aujourd’hui ?

On  nous parle, à juste titre, des émissions de CO2 liées au transport aérien, bien plus rarement de celles liées au déplacement “local” pour aller de la résidence principale à la résidence secondaire.

Si nous sommes enclins (sous l’effet d’un avion-bashing ?) à montrer du doigt les “égoïstes” jouisseurs de l’avion, nous sommes beaucoup plus compréhensifs pour les “égoïstes” jouisseurs de leur résidence secondaire. Pourtant, l’impact carbone lié au déplacement est de même niveau…

Nous ne sommes pas particulièrement adeptes des démonstrations chiffrées, cependant l’impact d’un couple de deux personnes prenant l’avion pour aller de Paris à Tunis (y compris le taxi pour aller des aéroports aux villes de départ et d’arrivée) et celui du même couple se rendant dix fois par an dans sa résidence secondaire est, à un “cheveu” près, du même niveau. (Nous tenons ces calculs disponibles pour qui souhaiterait les avoir.)

Certains diront “on ne peut pas comparer une jouissance d’un week-end à une une jouissance qui se répète dix week-ends par an” : à expliquer aux générations futures si un jour elles nous demandent des comptes…

Un habitat sain

Une des justifications de la détention d’une résidence secondaire est la recherche d’une vie, même épisodique, même rare, dans un milieu sain : “le bon air de la nature”… Bon air de plus en plus relatif !

La nature commence à l’extérieur, hors du pouvoir direct des occupants. Son état relève de considérations trop vastes, nombreuses, complexes, combinées et opposées pour que nous les abordions ici.

Maintien à température ?

Les résidences secondaires qui, généralement, posent le plus de problèmes sont les maisons individuelles.

En effet, si beaucoup de résidences secondaires relèvent de classements potentiels dans les passoires énergétiques, les appartements dans les immeubles collectifs sont intégrés dans une masse importante et, de ce fait, bénéficient d’un bon rapport surface de parois extérieures par rapport à la surface habitable. 

Ils bénéficient souvent de renouvellement d’air mécanique et, par ci par là, quelques propriétaires plus peureux (du gel) que d’autres maintiennent leur appartement hors gel, réchauffant en même temps ceux qui leur sont proches.

Cependant, en ce qui concerne les maisons diffusesnombreux sont les propriétaires qui, craignant le feu du fait d’installation électrique vétuste ou ne souhaitant pas assurer une température, même minimale, lorsqu’ils ne sont pas là, ne chauffent pas leur propriété.

Lors du retour dans ces bâtisses, il y règne souvent une forte odeur de “renfermé”, voire de moisi, deux états olfactifs qui devraient alerter : toute odeur est synonyme de présence de COV ou CIOV (pour rappel, le propre, ça ne sent rien !).

L’air intérieur, plus chargé en vapeur d’eau que l’air extérieur (souvent du fait des apports des remontées capillaires), même non chauffé par un système quelconque sera un peu plus chaud, du fait du contact du sol de la maison soit avec le vide sanitaire soit avec le sol lui-même.

Cet air, parfois en limite de saturation va se refroidir en s’approchant des parois extérieures. Ce faisant, la vapeur d’eau s’y condense et des points de rosée se développent. Ces derniers, s’ils sont “durables” permettent le développement de bactéries et de moisissures.

Les moisissures émettent des spores allergisantes, susceptibles de générer des pathologies des voies aériennes.

Le seul moyen d’éradiquer cette chaîne infernale est de renouveler l’air intérieur.

Quid du renouvellement d’air permanent ?

Malheureusement de très nombreuses maisons exploitées en tant que résidences secondaires (et pas que celles-ci !) sont encore non équipées d’un véritable système de renouvellement d’air… sous prétexte qu’elles n’en ont jamais bénéficié !

Oui, il n’y en a jamais eu, mais étaient-elles, autrefois, au temps de leur splendeur, exploitées en tant que tel, de la même manière, ou ne bénéficiaient-elles pas des courants d’air générés par la vie des occupants permanents d’alors, allant des mouvements réguliers d’entrée et de sortie, de la nécessaire ouverture d’une menuiserie pour faciliter le tirage du foyer…

La maison demeure, pas le type d’exploitation qui prévalait, voilà toute la différence !

Un habitat autonome

Tendre vers l’autonomie, en eau, alimentaire, et énergétique, est une des nécessités pour qu’un habitat puisse être qualifié d’écologique.

Certes il est possible de ne compter que sur les approvisionnements extérieurs, mais ceux-ci engendrent forcément des externalités. Celles-ci sont généralement oubliées mais pourtant, elles aussi sont à prendre en compte dans le bilan des propriétaires, sinon il est obligatoire de les mettre au débit de la société dans son ensemble.

Production alimentaire

Habiter un appartement ne permet pas, sauf à disposer de la jouissance d’un terrain exploitable par ailleurs, d’assurer une partie de sa propre nourriture.

Par contre, toute maison implantée sur un terrain suffisamment vaste le permet.

Disposer de ce type de terrain et ne pas l’exploiter à cette fin, au moins partiellement, c’est ne pas tirer parti de tout ce qu’il offre (nous pourrions malheureusement en dire la même chose pour nombre de maisons en résidence principale).

Certes ceci permet à des producteurs, à des commerçants ou à des transporteurs de vivre de ces activités, mais est-il responsable d’externaliser ainsi tous ses besoins ?

A moins de vivre très proche de sa résidence secondaire et de s’y rendre très régulièrement pour valoriser le terrain d’assiette et en tirer parti, il y a peu de chance que l’espace disponible soit autre chose que, au mieux, un terrain vague qui constituera une réserve de biodiversité, au pire, un lieu d’épanouissement pour tondeuse thermique.

Recours aux énergies fossiles

Pour quiconque souhaite maintenir à une température minimale sa résidence secondaire, le recours aux énergies fossiles est quasi obligatoire, sauf à réaliser un investissement très difficilement amortissable aux plans ressources et énergie grise.

En effet, l’amortissement écologique (économie de ressources et d’énergie à l’exploitation eu égard à la dépense sur les mêmes plans lors de la fabrication et de l’installation des matériaux ou des systèmes ainsi que pour leur entretien) sera à prendre en compte uniquement lorsqu’ils seront utilisés, c’est à dire le plus souvent seulement une infime partie du temps.

Le plus sage est de miser non pas sur des systèmes peu énergivores à l’exploitation car elle est moindre, mais sur ceux nécessitanpeu de ressources à la fabrication, à l’installation et à l’entretien. 

Le plus souvent de tels systèmes sont alimentés à l’énergie fossile par exemple chauffage au fuel, au gaz ou électrique (chez nous issue à 75% du nucléaire, aussi une énergie fossile puisque dépendant d’un minerai, par essence non renouvelable).

Sur le plan sociétal, collaboratif

On entend par vie sociétale la participation à la vie du lieu de résidence, vie associative, vie économique, vie des commerces, des services divers (pas que les services administratifs, également ceux liés à la réponse aux besoins : santé, approvisionnements en ressources diverses…).

Comment vivent les communes concernées par une majorité de résidences secondaires ?

Le constat est simple : pas de présence régulière suffisante, pas de commerces permanents !

Pourquoi en est-on arrivé là ?

Tout simplement parce qu’un commerçant ne peut pas vivre sur seulement quelques semaines d’activité par année. Aux fins fonds des campagnes, le plus souvent la résidence secondaire n’est occupée qu’une quinzaine de jours l’été et trois ou quatre jours à Noël et à Pâques (ce qu’un ami appelle “l’occupation trinitaire”…).

Alors, faute de clients suffisants, les commerces ferment, inexorablement.

Et que dire du trop souvent comportement de ces occupants occasionnels qui, dès leur arrivée, trouvent parfois gênant le chant du coq Maurice ou les clarines des vaches, sans parler de l’odeur du fumier ou du désagrément des tracteurs, arguant qu’autrefois c’était plus calme !

Présence de jeunes et d’écoles ?

Les habitants historiquement indigènes vieillissent, leurs enfants sont partis chercher “meilleure” fortune ailleurs…

L’école, souvent le dernier service public présent dans une commune rurale, dernier espoir d’avenir, ferme par manque d’élèves

Comment inciter des couples en capacité de “repeupler” les campagnes de s’y implanter en résidence principale quand il n’y a plus d’école ou qu’il va falloir confier les bambins au ramassage scolaire dès 7h30 ou 8h00 pour les voir revenir vers 17h30 ou 18h00 ?

L’accès à la propriété pour les indigènes

Dans les secteurs touristiquement ou climatiquement attirants, tout ce qui peut se vendre subit souvent une surenchère de la part de candidats prêts à s’y implanter en résidence secondaire. Comment ceux qui voudraient y vivre en résidence principale pourront-ils y accéder alors même que les prix ne sont pas, ne sont plus en adéquation avec leurs moyens financiers ?

Les commerces ?

Les deux évolutions ci-avant témoignent que, comparativement à des temps anciens, temps très moyennement reculés d’ailleurs, 50, 70 ans, soit deux ou trois générations, la situation s’est grandement dégradée.

Autrefois pas un village sans son(ses) bistrot(s), épicerie, charron, maréchal ferrant, charpentier, menuisier, bourrelier, sabotier et tant d’autres petits métiers là où maintenant les municipalités en sont réduites à acheter le dernier commerce du village pour essayer d’y installer un commerçant, pour qu’un peu d’activité demeure au chef lieu, ou au bourg, selon les appellations locales.

Sans compter que, afin de jouir le plus possible d’un séjour dans les lieux de villégiature et y éviter la corvée des courses, il n’est pas rare que les occupants arrivent avec leurs courses réalisées avant le départ du lieu de résidence principale.

De tels comportements condamnent définitivement le commerce local !

La vie sociale ?

Ayant vécu l’immense majorité du temps en province, soit à la campagne, soit dans de petites communes, nous avons souvent constaté une différence culturelle très importante entre les autochtones et les résidents secondaires.

Comment pourrait-il en être autrement quand les indigènes sont confrontés à des aléas de l’existence en accord avec leur vie, bien implantée à la campagne, la terre sous les godillots comme on dit, alors que les urbains “en villégiature” parlent plus des embouteillages sur la route en venant et des derniers spectacles à la capitale.

Pour couronner le tout, l’agriculteur voisin se demande ce qu’il va donner à manger à son cheptel du fait de la sécheresse alors que le “vacancier” se réjouit d’économiser du temps de pelouse car l’herbe ne pousse pas.

Comment peut-on espérer que l’urbain qui est persuadé d’aider à la sauvegarde de la campagne car il a fait quelques travaux sur son bien puisse s’intéresser au concours de belote local, lequel permet à de vieilles connaissances de se rencontrer ici autour d’une partie de carte, là dans un repas spécial aligot ou poule au blanc ?

Les uns élèvent des poules pour les œufs qu’elles leur donnent et mangent les vieilles pondeuses en poule au pot lorsqu’elles sont en baisse de production, les autres mangent de la viande en quantité, achetée au mieux en boucherie, au pire à la grande surface, mais ne comprennent pas qu’un “campagnard” puisse aimer ses animaux, les respecter, et pourtant, les tuer et les manger en fin de vie

Inutile d’espérer qu’avec de tels écarts culturels il puisse y avoir de vrais échanges, de vrais partages, plus poussés que l’apéro le jour de la fête des voisins.

Conclusion

Ecologie et résidence secondaire sont-elles compatibles ?

Si l’écologie ne s’apprécie qu’au niveau des types de matériaux utilisés, biosourcés, géosourcés, pourquoi pas ?

Est-ce juste de s’en tenir à cette approche pour qualifier un habitat d’écologique ? Pour nous, Soigner l’Habitat, clairement non ! 

Nous pensons même que ce pourrait être l’arbre qui cache la forêt, la fausse barbe qui rassure et légitime ce qui est une déviance récente, l’escapade pour échapper momentanément au stress de la ville…

Non seulement nous n’analysons pas la résidence secondaire sous cet aspect de bouée de survie, mais nous la considérons comme un acte sur lequel il faudrait beaucoup se pencher avant d’y succomber.

Une fois de plus nous proposons d’être disruptifs et, pour provoquer une vraie prise de conscience qu’une résidence secondaire vient forcément en doublon d’une résidence principale, mettre le bilan carbone sous l’oculaire du microscope.

Si, tel que nous l’avons déjà proposé ici, nous calculons l’impact carbone non plus en le rattachant à l’objet, lequel n’est que le fruit de nos aspirations, de nos attentes, de nos envies, mais en le rattachant à l’usage et à l’utilisateur, forcément l’appréhension de la responsabilité individuelle devient beaucoup plus tangible.

Il en va de même sur le plan économique. De nombreuses analyses financières mettent en évidence le côté exorbitant du coût d’une résidence secondaire.

Nous ne disons pas qu’il ne faut plus avoir de résidence secondaire, nous souhaitons simplement que chacun, avant de franchir le pas de l’acquisition ou de son acceptation sous forme d’héritage prenne bien conscience de la portée de son acte.

Nous souhaitons que chacun qui jouit ou envisage de jouir d’une résidence secondaire soit conscient de ce que son plaisir peut coûter à tous niveaux et qu’un jour il faudra payer, tous, solidairement et sociétalement, l’addition des conséquences de nos petits bonheurs individuels.

Si nous prenons en compte les divers points ci-avant, plutôt que posséder une résidence secondaire, il serait probablement beaucoup plus judicieux d’en louer une, non pas à l’année, mais au moment des besoins 

  • meilleur amortissement, à tous points de vue, de la maison elle-même sous l’angle de sa possession et de l’amortissement au titre de la propriété,
  • moindres impacts individuels sous l’angle de l’usage et de la jouissance.

Les jeunes générations semblent s’éveiller aux réalités de la situation globale de la planète, de son évolution et de leur avenir sur ce qui est notre biotope et sera le leur, la terre.

Ils commencent à le dire aux générations précédentes, attention au “Ok Boomer” !

Crédits Photos : Rudy and Peter SkitteriansJamesDeMerscocoparisienne, TeeFarm et Pexels de PixabaySissssou sur Wikimedia et site de la commune de Lafeline (FR-03).

Claude Lefrançois


Après 30 ans dans le bâtiment, ancien charpentier, ancien constructeur, ancien maître d’œuvre, formateur dans le bâtiment, expert en analyse des bâtis anciens avant travaux, auteur de nombreux articles et d’un livre “Maison écologique : construire ou rénover” aux Ed. Terre vivante, auteur de 2 ebooks disponibles sur mon blog, je suis désormais retraité.
Je mets mon temps disponible et ma liberté d’expression à votre service : j’observe et j’analyse, au besoin je dénonce ou émet des idées.
Bonne lecture.

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