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  • Maison : les techniques de construction déconseillées (2/3)

Ma décision est prise, je vais construire !  Bonne ou mauvaise décision, peu importe, elle est prise !

Elle va générer des réflexions et des recherches, tant pour la situation géographique d’implantation que pour le terrain d’assiette à proprement parler.

Elle va aussi en générer beaucoup d’autres allant du type de maison (plain pied, à étage, toit-terrasse …) à l’agencement intérieur en passant par l’aspect architecturale et aussi, plus tard, avec quoi, avec qui, selon quelle technique ?

Autant de questions complexes qui peuvent avoir une influence sur l’architecture, sur le coût, mais aussi sur le confort, sur la salubritéla santé, sur la pérennité, sur les coûts d’exploitation et d’entretien.

Préalables

Construire une maison pré-suppose l’obtention des autorisations nécessaires, entre autres le permis de construire. Nous avons traité ici de tout ce qui relève de ses contraintes administratives.

Nous avons aussi abordé, dans un autre article, les techniques communes à tous les modes constructif pour ce qui leur sera commun, à savoir les soubassementsles toituresles menuiseries extérieures.

Les maisons sont très souvent classées par type, certaines appellations s’ancrent dans l’histoire. On parle de maisons en dur, maisons à ossature boismaisons en pierre, en pisé (vidéo), en paille … On devrait plutôt parler de maisons avec des murs en dur, à ossature bois, en pierre et autres matériaux.

Nous allons, au fil de cet article, nous arrêter sur le choix des matériaux et des techniques possibles que nous déconseillons et développer nos réticences.

Murs : techniques de construction que nous ne soutenons pas

Ici, nous avons des convictions que nous défendons et qui transparaissent au travers de notre ligne éditoriale. Il est donc des matériaux et/ou techniques que nous ne pouvons conseiller, quand bien même ils(elles) seraient parfaitement maîtrisée(s) et/ou souvent choisie(s).

Constructions à base de béton

Le choix du béton implique, entre autres, l’utilisation de ciment Portland et de sable.

Le premier, le liant, présente de nombreux inconvénients que nous avons déjà largement abordés dans nos colonnes.
Le deuxième, aussi surprenant que cela puisse paraître, est un agrégat qui se fait de plus en plus rare (seuls certains sables sont aptes à l’emploi pour la production de béton) et son exploitation à outrance pose de nombreux problèmes, à commencer par le recul des traits de côte.
La perspirance très faible du béton au ciment Portland est un autre inconvénient. Cette faible perspirance ne permet pas l’évacuation d’une partie de la vapeur d’eau par les murs, ce qui peut favoriser des pathologie néfastes aux bâtis et/ou aux occupants.

Murs en béton banché

Cette technique de mur banché consiste à réaliser un coffrage sur les 2 faces des murs (ces coffrages s’appellent des banches, d’où le nom “banché”) et y mettre le matériau qui sera alors “coffré”. Le pisé et la bauge étaient ainsi mis en œuvre, ici il s’agit d’y mettre une armature métallique adéquate et couler du béton qui, ensuite, sera vibré… il devient alors du “béton armé” (BA).

De tels murs sont très résistants à la compression et performants au plan parasismique. De nombreux ponts thermiques sont à regretter, même si de nouveaux équipements intégrables lors de la construction peuvent les réduire. Ils ne peuvent pas les éliminer, juste les réduire, ce qui n’est déjà pas si mal !

Pour contrer totalement ce risque de ponts thermiques, il faut envisager une isolation thermique par l’extérieur (ITE) et s’interdire toute traversée de l’isolation, entre autres par des balcons …
Cette technique est assez peu courante pour l’habitat individuel, elle est plutôt pratiquée pour du collectif, du tertiaire ou de l’industriel. Nous la recommandons pour les parties de murs enterrées.

La désaffection de cette technique dans l’habitat individuel est principalement due à son coût, plus élevé qu’avec des parpaings et ne se justifiant pas, pour une maison, sur les plans compressibilité et parasismique.

Murs en parpaings

Les parpaings sont des blocs préfabriqués produits à base de mortier au ciment Portland. Ils sont assemblés au mortier, lui-même au ciment Portland. De nouveaux modèles sont apparus, ils sont rabotés et assemblables par collage.

Ces blocs sont suffisamment résistants à la compression pour permettre la construction de maisons individuelles classiques. Ils ne peuvent par contre pas en assurer le contreventement et doivent, en fonction de leur implantation, répondre à ce critère de base ainsi qu’aux contraintes parasismiques. Ils sont donc complémentés par un ensemble de poteaux et poutres BA, soit coulés autour des assemblages de parpaings, soit intégrés dans des éléments de parpaings conçus à cet effet.

En plus des inconvénients généraux du béton au ciment portland listés ci-avant, cette technique présente celui de générer de nombreux ponts thermiques. Tout comme pour les voiles BA, il est possible de les limiter avec des accessoires spécifiques. Des versions dites “écologiques” voient régulièrement le jour, nous les avons analysées et ne sommes pas d’accords avec cette appellation.

Par contre cette technique, tout comme le voile béton, peut apporter beaucoup d’inertie au bâti (selon le positionnement de l’isolant), un des gages de confort.

Elle présente à peu près les mêmes inconvénients que les voiles de béton. C’est une des solutions industrialisées les moins chères et elle est la plus pratiquée en France, ce qui, historiquement, est assez surprenant.

Murs réalisés avec des coffrages en mousse PU ou PE

Assez récemment des éléments pouvant faire office de coffrage et d’isolation sont apparus. Ils sont fabriqués le plus souvent avec du polystyrène ou avec du polyuréthane.
Ils sont relativement faciles à mettre en œuvre et sont présentés comme pouvant, à la fois, permettre d’y couler les murs porteurs (en BA), assurer la conformité au parasismique, réaliser l’isolation et rendre les bâtis étanches au vent. Ils peuvent recevoir directement les parements, tant intérieur qu’extérieur. Tous ces arguments sont incontestables, mais s’en tenir aux seuls avantages serait malhonnête.

Nous avons développé ici, dans quelques articles, pourquoi, nous les considérons comme non recommandables. Pour rappel : faible perspirance, pollution du fait du ciment Portland, ressources consommées (sable), difficulté de recyclage, émanations, principalement sous l’effet de la chaleur et encore quelques autres inconvénients.

Murs réalisés en imprimerie 3D

On nous présente parfois (souvent) ces techniques 3D comme la voie du futur. Nous en doutons beaucoup. L’imprimerie 3D est très prometteuse dans de nombreux domaines, par contre nous doutons qu’elle soit pertinente pour la construction de maisons in situ.

A noter d’ailleurs qu’il s’agit souvent, non pas d’imprimer directement un mur porteur, mais d’imprimer un isolant qui permettra de couler un voile BA (le produit mis en œuvre par la tête d’impression est généralement du polyuréthane).

Des procédés d’impression de matériaux biosourcés, puisés localement sont à l’études mais, à notre connaissance et à ce jour,  aucune maison n’a été réalisée grâce à ce type d’équipement et/ou matériau.

Nous avons analysé ces procédés dans un article publié ici.

En plus des inconvénients du béton au ciment Portland, ces techniques sont très souvent porteuses des inconvénients des mousses isolantes au polyuréthane ou au polystyrène, sujets également déjà abordés ici.

Techniques de construction énergivores

Certaines solutions, parfois en partie pertinentes et donc a priori acceptables, voir recommandables, se voient, à nos yeux, disqualifiées car très handicapées sous certains autres aspects.

Ossatures des murs remplies de mousses PU et/ou PE

Nous avons déjà abordé la construction bois ici et nous en recommandons les techniques. Par contre justifier le choix d’une technique constructive ne se limite pas au matériau principal choisi mais au principe constructif global.

Nous avons ainsi épinglé ici, une solution intégrant un isolant polystyrène et une autre intégrant un isolant polyuréthane. Dans les 2 cas le contreventement est assuré par les isolants. Ces techniques permettent de réaliser des constructions très efficaces thermiquement mais peu recommandables sous d’autres aspects. Sur les plans respect de l’environnement, salubrité et sécurité incendie, nous ne pouvons les recommander.

Blocs constructifs isolants

Il s’agit de parpaings classiques (en béton au ciment Portland), isolés dans leur épaisseur. Ils sont dénommés “blocs isolants” et nous sont présentés avec divers arguments, dont l’apport de performance isolante. Si c’est vrai, le moins qu’on puisse dire est que c’est surfait. En effet, cet apport est tellement faible qu’il faudra quand même réaliser une isolation rapportée. Ceci implique donc d’intervenir 2 fois pour un même poste.

Nous ne recommandons pas ces blocs, intrinsèquement insuffisants thermiquement.

Ossature métallique

L’ossature métallique est peu pratiquée pour la maison individuelle. Deux techniques très différentes se partagent cette niche.

Ossature composée d’éléments massifs

Une marque célèbre (de celles qui peuvent renaître de leurs cendres …) propose de nombreuses maisons à base d’ossature métallique. Ces maisons durent dans le temps, les premières ont été construites il y a plus de 70 ans et la majorité existent toujours.

Cependant elles ont nécessité de l’entretien, à tel point qu’une filiale spécialisée dans ce domaine a vu le jour.

Elles font appel à l’acier pour leur construction, et si ce matériau est recyclable aisément, c’est une ressource limitée et non renouvelable. Notre position est, comme toujours, “est-il possible de faire la même chose à base de matériaux renouvelables ?”. La réponse étant “Oui, avec du bois”, nous ne recommandons pas cette technique.

A leur actif : ossature peu coûteuse, mais ceci ne nous semble pas un argument qui puisse l’emporter sur tous les autres.

Ossature composée d’éléments légers

Plus récemment sont apparues des propositions de construction avec des éléments métalliques légers (de même nature que ceux qui servent depuis des lustres à la construction de cloisons légères).

Ces structures, si bien conçues, sont solides. Seront-elles durables, nous ne pouvons, à ce jour, ni l’affirmer ni l’infirmer. Elles consomment moins d’acier que les précédentes mais beaucoup plus de produit de protection contre la rouille (zinc entre autres, matière première qui va rapidement faire défaut par épuisement des réserves).

Comme pour les ossatures à éléments massifs, attendu que d’autres solutions avec matériaux d’origine renouvelable leur sont substituables, nous ne recommandons pas cette technique.

Conclusion

Nous avons, ci-avant, fait le tour des techniques de construction qui, à nos yeux, présentent des handicaps importants. Ceux-ci sont de différents ordres, allant de la salubrité des lieux lors de leur exploitation à leur durabilité, en passant par l’impact environnemental, la sécurité lors de l’exploitation, la recyclabilité, la consommation de ressources fossiles, forcément limitées. Ce classement, bien que se voulant objectif, porte aussi sa part de subjectivité, laquelle nous assumons.

De nombreuses maisons ont été construites en faisant appel à ces matériaux et/ou techniques que nous déconseillons, la plupart font le bonheur de leurs occupants et c’est heureux qu’il en soit ainsi.

Ce que nous aimerions : qu’autant que faire se peut, les bonheurs individuels soient encore plus grands et qu’ils n’affectent pas l’avenir de la planète ou la vie de ses occupants futurs.

Nos choix, au-delà de la santé des occupants, de leur propre satisfaction immédiate, de la sécurité de leur habitat, sont aussi dictés par un souci de responsabilité globale de sauvegarde de notre biotope.

Claude Lefrançois


Après 30 ans dans le bâtiment, ancien charpentier, ancien constructeur, ancien maître d’œuvre, formateur dans le bâtiment, expert en analyse des bâtis anciens avant travaux, auteur de nombreux articles et d’un livre “Maison écologique : construire ou rénover” aux Ed. Terre vivante, auteur de 2 ebooks disponibles sur mon blog, je suis désormais retraité.
Je mets mon temps disponible et ma liberté d’expression à votre service : j’observe et j’analyse, au besoin je dénonce ou émet des idées.
Bonne lecture.

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