Tout particulier qui souhaite faire réaliser des travaux d’amélioration énergétique dans un habitat ancien, qu’il soit propriétaire ou locataire du bien en question peut bénéficier d’aides diverses. Une des conditions d’éligibilité à ces aides est que les travaux soient réalisés par une entreprise dite “RGE”
Dans notre article intitulé « RGE dites-vous ?« , nous analysions ce qu’est le signe de qualité “Reconnu Grenelle de l’Environnement”.
Nous y avons abordé l’historique de cette reconnaissance RGE, les objectifs recherchés, les moyens mis en œuvre, les compétences reconnues, les ouvertures et contraintes pour les détenteurs de ce sésame et, aussi, les carences constatées.
Nous y soumettions d’être force de proposition, c’est ce que nous allons nous attacher à développer dans cet article.
Rappel des points importants évoqués dans cet article antérieur
Cette démarche s’inscrit dans la continuité française du Grenelle de l’environnement et internationale des accords dits “Protocole de Kyoto”.
Elle vise à faire reconnaître le niveau compétence des opérateurs dans le secteur de l’amélioration des performances énergétiques du bâti ancien.
Formation ?
Bien que beaucoup d’acteurs disent “Nous sommes agréés”, il ne s’agit pas d’un agrément mais d’une reconnaissance de compétences.
Processus de l’établissement de la reconnaissance de compétence
Attribuée après une courte formation de présentation des points à prendre en compte, des solutions possibles d’amélioration et de présentation de moteurs de calculs permettant d’évaluer le niveau possible du gain après travaux. Le 3ème jour, un contrôle sous forme de QCM permet, si 30 bonnes réponses sur 35 posées, de reconnaître le participant compétent.
Qui sont les candidats possibles ?
Tous les acteurs impliqués par les travaux nécessaires à l’amélioration énergétique, qu’ils soient des intervenants en amont des travaux (Bureaux d’Etude, artisans, logisticiens, thermiciens, chargés d’affaire, commerciaux, ouvriers sur le chantier …)
Compétences requises pour accès au stage
Aucune compétence particulière si ce n’est d’être professionnel dans une des activités citées ci-dessus.
Culture du bâti ancien
Aucune compétence particulière n’est requise.
Quelles obligations et contrôles à posteriori ?
La reconnaissance est accordée pour 4 ans avec pour seule obligation pour reconduite, d’avoir réalisé au moins 2 chantiers et de s’être soumis à un audit.
Peut-on se fier à ces “reconnaissances” RGE ?
Un particulier qui aurait des besoins peut-il faire confiance, aveuglément, à une entreprise qui se revendique RGE ?
Synthèse de notre 1er article sur le RGE
Nous y avons rapporté des constats et développé des analyses que nous vous invitons à découvrir ou redécouvrir.
Pour rappel et en résumé : si le signe de qualité “RGE” part d’un bon sentiment, nous avons relevé des carences, des faiblesses et des déviances qui, après la critique, nous ont incités à être force de proposition.
Nos préconisations :
Avec le recul des années écoulées sous l’égide de la réglementation actuelle, du fait de nos connaissances propres dans le bâtiment, de notre expérience dans ce domaine spécifique de la performance énergétique, de notre passé d’intervenant sur chantier, de notre passé de formateur, de divers commentaires constatés sur les réseaux sociaux, dont Facebook via des groupes proches de ces problématiques, et des retours des lecteurs qui nous suivent ici, nous souhaitons faire quelques propositions.
Intervention d’un professionnel compétent et indépendant
Il est très difficile à un intervenant consulté, s’il est lui-même futur intervenant, de se mettre en recul pour analyser les besoins réels d’un bâti, hors sa spécialité à lui.
Ce risque est lié, d’une part, à ses plus grandes connaissances dans son domaine et aussi, du fait de sa nature humaine, il aura probablement une tendance naturelle à penser d’abord aux besoins de vendre ce qui lui permettra de faire vivre son entreprise.
L’intervention d’un “généraliste” indépendant tel qu’un maître d’œuvre, un(e) architecte, un(e) thermicien(ne), un(e) spécialiste des bâti anciens permettrait d’éviter tous ces écueils.
L’idéal serait de trouver un peu de chacun(e) dans un(e) seul(e) intervenant(e) mais c’est peut-être mettre la barre un peu haut !
Formation de ces “Analystes”
La France présente la particularité d’être soumise, selon les régions, à des contraintes climatiques différentes (climats océanique, méditerranéen, continental, de montagne …).
Les matériaux mis en œuvre sont très variés : on n’aborde pas de la même façon des murs en pisé ou des murs en béton.
Diverses techniques constructives y sont pratiquées, chacune avec ses contraintes ou avantages propres : une charpente “fermette” est très différente d’une charpente traditionnelle.
L’architecture elle même engendre des prises en comptes différentes : on n’améliore pas thermiquement une maison “de bourg”, mitoyenne, de la même façon qu’une maison individuelle de plain pied, à combles perdus ou un immeuble Haussmannien).
Attendu que les connaissances de ces nouveaux intervenants seraient nécessairement très transversales, du fait des variantes évoquées ci-dessus, si des formations apportant les capacités adéquate existent, très bien, mettons les à contribution et formons ces nouveaux professionnels en grand nombre (les besoins sont immenses).
Si elles n’existent pas, lançons les au plus vite.
Des exemples de formations ont fait leurs preuves, une en particulier à laquelle il m’a été donné de participer, formation proposée par l’ASDER. Peut-être faudra t-il adapter ces formations aux besoins spécifiques développés ci-avant ? Ce qui nous rassure, c’est que les bases existent !
Et pourquoi ne pas faire appel aux forces déjà en place : les architectes, les Maîtres d’œuvre, les Thermiciens, divers Bureaux d’études ?
Tout simplement car si ces professions sont proches de certains besoins, si ces professionnels disposent déjà, chacun dans son domaine, d’une partie des compétences, ils ne nous semblent pas disposer du panel total nécessaire pour prescrire au mieux les solutions propres à atteindre le niveau de performance thermique le meilleur possible pour chacun des bâtis anciens à améliorer. A moins qu’ils aient suivi ou pratiqué les formations sus-nommées.
Encadrement des travaux
Puisque QUALIBAT existe, pourquoi ne pas lui déléguer le travail de suivi, d’accompagnement et de contrôle de la qualité des interventions, tant d’analyse, de prescription que de réalisation ?
Bénéfices potentiels d’une telle organisation
Les travaux préconisés seraient vraiment ceux qui répondent le plus aux besoins réels.
Nous avons ainsi vu, par exemple, des changements de chaudière opérés sans intervention préalable sur l’enveloppe. Produire beaucoup de calories avec du bois au lieu de fuel n’est pas, fondamentalement, un très grand pas en avant, ce qui le serait, (le sera ?) consisterait plutôt, préalablement, à réduire les fuites de calories en améliorant l’isolation de l’enveloppe.
Que penser également du fait que le changement de menuiseries représente, peu ou prou, 50% des CITE (Crédit d’Impôt pour la Transition Energétique) alors même que les fuites auxquelles elles s’attaquent ne représentent, elles, que 20% des fuites totales des maisons ?
Voilà des exemples dérives qui pourraient être évitées.
Cas des passoires énergétiques
Et si nous en profitions pour mettre l’accent sur tous les bâtiments vendus ou loués et qui, lors des DPE, affichent royalement un magnifique classement E sans que celui ne déclenche aucune action contraignante. Une aide significative ne pourrait-elle être envisagée, accompagnée d’une obligation de travaux ?
Une aide qui pourrait aller jusqu’à 80, 90% du montant des travaux, on voit bien des opérations quasi gratuites proposées ici ou là, nous pensons aux isolations de combles à 1€ au sujet desquels nous avons commis un article ici.
Et en attendant que ces propositions portent leurs fruits … sait-on jamais !
Notre conseil : si vous pensez que votre maison nécessite des travaux d’amélioration énergétique, faites le préalablement confirmer par un professionnel indépendant tel qu’un architecte, un maître d’oeuvre, un thermicien, un professionnel de votre connaissance en qui vous avez confiance, et/ou faites appel à l’Espace Info Energie de votre département.
Lorsque vous déciderez de réaliser vos travaux, renseignez vous bien sur l’entreprise, demandez plusieurs devis et, surtout, prenez le temps de la réflexion.